L'Unpa rejette l'idée de création de sociétés civiles dans le secteur agricole tel que prévu par le projet de loi gouvernemental. Le secrétaire général de l'Unpa, M.Mohamed Allioui, vient de réaffirmer la position de son organisation à l'égard de l'avant-projet amendant et complétant la loi 19/87 soumis actuellement au débat au sein de l'opinion et qui sera discuté incessamment devant les députés de l'APN. Pour le premier responsable de ce regroupement des paysans algériens, cet avant-projet d'amendement des textes régissant l'agriculture algérienne «ne sert pas l'intérêt du secteur agricole car il comprend le règlement de situations irrégulières qui pourraient, à l'avenir, contribuer à détourner les terres agricoles de leur véritable vocation». Proposant que «les terres agricoles relevant des biens de l'Etat qui représentent 30% du foncier agricole national demeurent un bien de l'Etat conformément à la loi 19/87», il a exprimé cependant la disponibilité de son organisation à la concertation et au dialogue avec les pouvoirs publics sur le sujet. Mais, concrètement, l'Unpa rejette l'idée de création de sociétés civiles dans le secteur agricole tel que prévu par le projet de loi gouvernemental. Et, de son avis, ce concept de société civile est assujetti au code civil, ce qui, en soi, est en contradiction avec les spécificités du secteur et de l'activité agricole. Il faut rappeler à ce propos que l'avant-projet du gouvernement stipule que les droits de jouissance permanent des Exploitations agricoles collectives ( EAC) et individuelle ( EAI) seront transformés au cas où ces amendements seraient adoptés par l'APN, après évaluation, en parts dans la société civile d'exploitation agricole. Ces clarifications de l'Unpa qui vient de fêter ses 28 années d'existence en présence du chef du gouvernement M.Ali Benflis, donne une idée sur l'importance des enjeux que suscitent les futurs textes relatifs au foncier agricole. Crée en 1974 c'est-à-dire du temps du parti unique et du socialisme à l'algérienne, ce regroupement des paysans algériens était d'abord ce qu'on appelait à l'époque une organisation de masse qui activait sous l'aile du FLN et dont l'objectif principal était de promouvoir et de défendre la désormais défunte révolution agraire. Traversant toutes les péripéties idéologiques politiques et économiques qui ont jalonné l'histoire du pays ces deux dernières décennies, l'Unpa reste plus présente que jamais dans la vie associative et est toujours incontournable quand il s'agit de prendre des décisions relatives à la terre ou à l'agriculture. Aujourd'hui encore très proche du plus vieux parti politique de la scène nationale, l'Unpa tente tant bien que mal de s'adapter aux profondes transformations que connaît l'économie nationale. D'ailleurs, à ce propos, le chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, n'a pas manqué de saluer les capacités d'adaptation de l'organisation paysanne. «Je ne peux passer sous silence, en cette heureuse circonstance du 28e anniversaire de la création de l'Unpa, la contribution qui a été celle de cette organisation au développement du monde rural de notre pays et ne pas louer sa capacité à s'adapter aux profondes mutations que connaît l'économie algérienne», a déclaré le chef de l'Exécutif dans un message adressé au secrétariat national de cette organisation à cette occasion. En somme, comme l'a relevé M.Benflis, de grandes étapes attendent l'agriculture algérienne qui est «sur la voie de son intégration dans la nouvelle carte agricole internationale, l'accord d'association avec l'UE et l'adhésion à l'OMC étant les plus importants et les plus décisifs». L'Etat qui a mis en place le fameux plan national de développement agricole qui commence à donner ses premiers résultats positifs et un fond de régulation et de développement agricole ainsi que l'application des décisions du Président de la République portant effacement des dettes des paysans estimées à plus de 17 milliards de dinars, tente de créer une agriculture performante à même de lui faire économiser les 2 milliards de dollars consacrés annuellement à la facture alimentaire du pays. Il s'agit de savoir maintenant si tous les acteurs de ce secteur sont prêts à faire les efforts nécessaires pour arriver à cet objectif souhaité par tous les Algériens: l'autosuffisance alimentaire.