Le sommet de l´UPM (Union pour la Méditerranée) prévu le 7 juin à Barcelone a été reporté sine die à novembre prochain. Ce n´est pas une surprise en fait et cela ne pouvait en être autrement. Cet ajournement du sommet de l´UPM clarifie en réalité la donne quant à la construction de «l´Union» du Bassin méditerranéen. L´établissement de cette «Union» était déjà improbable dès l´annonce de la composante de ses membres. Les péripéties qu´a connues l´Union pour la Méditerranée depuis le sommet fondateur de Paris, le 13 juillet 2008, témoignent combien les initiateurs de cette nouvelle organisation régionale, qui se voulait rassembleur, se sont attaqués à des forces qui, le moins qui puisse être dit, les dépassent. Et l´obstacle qui enraye la construction de l´Union méditerranéenne a un nom: Israël. En fait, le ver était dans le fruit. Aussi, la question à se poser n´est pas de savoir si l´Etat hébreu a - géographiquement - sa place dans cet ensemble régional mais si, politiquement et stratégiquement, il était pertinent de l´intégrer dans l´UPM, alors qu´Israël est à la base du problème du Proche-Orient, voire le problème. Le volontarisme politique et les bonnes intentions ne pouvaient à l´évidence constituer la clé pour un projet aussi ambitieux que l´est, ou devait l´être, l´UPM. Or, Israël, outre de phagocyter l´organisation méditerranéenne, met sous l´éteignoir les 42 autres membres de l´UPM. Autant dire qu´il a été octroyé à l´Etat hébreu un droit de veto par défaut, du moment qu´il a, ou on lui a donné, le pouvoir de vie et de mort sur cet ensemble méditerranéen nouvellement né. Aussi, que l´intégration d´Israël à l´Union ait été faite de bonne foi, ou dans le dessein de donner une visibilité régionale à l´entité juive, le résultat est le même: la mise en stand-by de l´organisation méditerranéenne. Ainsi, les difficultés qu´éprouve l´UPM à décoller, viennent du seul fait de la présence de l´Etat hébreu, devenu une gangrène pour un ensemble qui aspirait à créer l´osmose entre les peuples méditerranéens. Pour preuve, les déclarations haineuses du chef de la diplomatie israélienne envers des chefs d´Etat arabes, l´opposition d´Israël à la qualification de «territoires palestiniens occupés» (termes on ne peut plus officiels, usités par le Conseil de sécurité de l´ONU) ne sont que quelques-uns des faits qui ont, jusqu´ici, fait obstacle au démarrage réel de l´UPM. Cela sans revenir sur la sanglante agression de l´armée d´occupation israélienne contre la bande de Ghaza en décembre 2008 et janvier 2009, dont la première des conséquences a été de surseoir aux travaux de l´Union pour la Méditerranée. Dès lors, on est en droit de s´interroger si le principal initiateur de ce rassemblement régional, le président français, Nicolas Sarkozy, a bien analysé la situation prévalant dans la région proche-orientale et pesé ses tenants et aboutissants en conviant Israël à rejoindre la nouvelle organisation. Or, à la lumière des deux années d´existence et de tâtonnements de l´UPM, il apparaît que les difficultés, que celle-ci a rencontrées pour commencer à travailler, sont essentiellement liées, directement ou indirectement, à lEtat hébreu. Dès lors, il faut bien admettre que la présence d´Israël dans l´UPM est devenue une entrave, un boulet pour cet organisme appelé, sans doute, à disparaître sans avoir prouvé sa raison d´être. Les deux reports successifs des sommets de l´UPM sont dus, dans les deux cas, à l´irrédentisme d´Israël. Les dirigeants européens, à leur tête le président français, doivent bien se faire une raison: le maintien d´Israël ou la mort, à terme, de l´Union pour la Méditerranée. Dit autrement, l´Europe doit soutenir l´avènement de l´Etat palestinien, indépendant, le plus rapidement possible. L´équation est simple: pas de Palestine, pas d´UPM. Par sa prétention à vouloir tout contrôler, Israël aura surtout contribué à creuser la tombe de l´UPM.