Deux ans après la mise en branle du «train» UPM, est-il lieu d´esquisser un bilan? Ce qu´il faut d´abord relever est que l´Union pour la Méditerranée n´a pas été l´aboutissement d´un projet consensuel mûrement réfléchi par l´ensemble des partenaires méditerranéens, mais une foucade d´un président français en mal de notoriété, qui voulait en imposer. En fait, après le fiasco du «Processus de Barcelone» (notons que l´UPM «agréée» par l´Union européenne, n´est plus celle, concoctée et espérée par M.Sarkozy, mais juste un accommodement sous le nom baroque de «Processus de Barcelone-Union pour la Méditerranée», ce qui n´est plus la même chose) qui devait développer un partenariat avec le sud de la Méditerranée et le cuisant échec qui s´en est suivi, il était attendu de l´UPM de rétablir les liens entre les deux rives de la Grande Bleue, d´où le rabotage du projet initial. On évoquait un bilan de l´action de l´UPM après une laborieuse étape de deux ans. Las, le bilan est plus que maigre s´il y avait lieu d´approfondir les «réalisations» effectivement accomplies. Peu, très peu a été réalisé en fait, d´autant que la sérénité n´a pas été la chose la mieux partagée par les 43 membres de l´UPM qui avaient d´autres «chats» à fouetter. Pour donner plus de chance de vie, ou de survie, au nouvel ensemble régional, on a ainsi évacué de ses préoccupations toute référence à la politique, en se concentrant uniquement sur les aspects environnementaux et/ou sociaux liés aux transports, à l´énergie, à la santé...Cela ne pouvait fonctionner, comme le constat en a été fait par les analystes. La cause en est simple: en faisant l´impasse sur deux dossiers qui, pourtant, détermineront l´existence du groupement régional, l´UPM s´est d´elle même castrée par la mise en suspens des questions palestinienne et sahraouie, dossiers cruciaux qui paralysent, et paralyseront à l´avenir, la progression de l´UPM comme ils annuleront toute décision prise dans un sens ou dans l´autre. Ainsi, la décision d´octroyer le vice-secrétariat général de l´UPM à Israël et à l´Autorité palestinienne s´est révélée vaine et n´a pas été la garantie souhaitée quant à la marche en avant de l´Union. Deux faits en témoignent. D´abord l´opposition par Israël de l´utilisation du terme «territoires palestiniens occupés», terme pourtant usité au niveau des instances internationales et de l´ONU; ensuite le blocus inhumain imposé par l´Etat hébreu à la bande de Ghaza, aggravé par la sanglante agression de la fin de l´année 2008 contre les Ghazaouis. Ce n´est pas en plaçant côte à côte Israël et les Palestiniens tout en faisant l´impasse sur le contentieux qui les oppose que l´UPM pouvait aller loin. L´opération «Plomb durci» contre la bande de Ghaza, tout en gelant l´activité de l´Union semble surtout avoir plombé pour longtemps un groupement dès le départ mal parti, parce que les Européens, qui disposent d´atouts pour imposer une solution juste, n´ont pas voulu s´impliquer dans un dossier qui continue de peser sur leur conscience alors que les Palestiniens paient depuis 62 ans les erreurs ou forfaits commis par l´Europe envers les juifs. Sur un autre plan - mais la finalité en est la même - c´est encore l´Europe, quoique indirectement, qui est derrière le surplace du dossier du Sahara occidental dont l´occupant en titre, l´Espagne, s´est défaussé de la question, laissant le Maroc occuper un territoire considéré par l´ONU comme le dernier territoire non libre en Afrique. Le Maroc, soutenu par la France, refuse aux Sahraouis un droit inaliénable, celui de se déterminer par référendum conformément à la Charte de l´ONU. Dès lors, le destin de l´UPM est, quoi qu´en dise d´aucuns, lié à la résolution de ces deux dossiers de décolonisation. Ne pas tenir compte de cette donne mènera à d´autres désillusions et sans doute à l´enterrement (définitif) d´un véritable partenariat méditerranéen.