«L'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs», Oscar Wilde. C'est avec cette citation, on ne peut plus explicite, que commence le rapport établi ces derniers jours par la Cgoea (Confédération générale des opérateurs économiques algériens) autour des diverses politiques économiques menées durant ces douze dernières années. Loin d'être complaisant, le document, au contraire, s'apparente à un véritable brûlot contre certaines mesures que plus rien ne justifie et qui sont, à en croire la confédération patronale, en train de ruiner toute l'économie nationale, générant au passage de plus en plus d'exclus et de personnes vivant nettement en deçà du seuil de pauvreté. Dès l'introduction, il est reproché au concepteur de la future loi de finances pour l'année à venir, de n'avoir retenu «aucune leçon» des lois de finances et lois de finances complémentaires élaborées et mises en application depuis 1990. Le tout, s'indigne la Cgoea, «sous la dictée des sacro-saints équilibres macro-économiques aux dépens des tissus économiques et sociaux». Le document qui fait montre d'une amertume peu ou proue dissimulée, rappelle que «depuis 1999, la conjoncture très favorable des marchés pétroliers a permis une recette moyenne de 16 milliards de dollars par an, la constitution d'un matelas très appréciable de réserves en devises s'élevant à 22,5 milliards de dollars au 30 juin 2002, une dette extérieure réduite à 20,5 milliards de dollars, inférieure aux réserves en devises.» Suit une très longue énumération de chiffres et de données, tous fournis par la Banque d'Algérie qui tendent à «classer l'Algérie parmi les meilleurs élèves du Fmi». Mieux encore, tous ces indices, annonce la Cgeoa, sont appelés à s'améliorer attendu que l'Algérie devrait augmenter incessamment ses ventes pétrolières de 37,5 % alors que le taux de croissance démographique n'est que de 1,5 %, très proche donc des pays les plus développés et les plus riches de la planète. Le reproche trouve sa pleine justification dans les lignes qui suivent: «Beaucoup de pays (auraient fait) de ces indicateurs (...) de puissants leviers pour la relance économique et pour le règlement de leurs problèmes sociaux avec des taux de croissance avoisinant les 10 %». Or, il n'en est rien en Algérie. Ce pourcentage ne dépasse guère les 2 %. Encore faudrait-il ajouter que bien souvent, il est tronqué puisque la régression économique n'a jamais cessé en Algérie alors que plus aucune raison plausible ne justifie cette politique d'austérité de fort mauvais aloi: la Cgoea est d'autant plus catastrophée que la même démarche semble en passe d'être reconduite pour les trois années à venir.