Les éventuelles incursions du Groupe salafiste ou de leurs nouveaux alliés tunisiens risquent de bouleverser les donnes en matière de sécurité. Une semaine après la tentative déjouée de faire exploser en plein centre de la capitale tunisienne, les ambassades américaine et britannique, les services de sécurité d'Alger et de Tunis coopèrent, activement, sur plusieurs fronts, afin de faire pièce à de nouvelles tentatives des groupes islamistes algéro-tunisiens. Aussi, un maillage sécuritaire renforcé a été observé dans les points de contrôle frontaliers, ainsi que le long des 965km de frontières communes. Des sources locales ont précisé que des arrestations pour contrôle et vérifications ont été effectuées dans les régions limitrophes avec l'Algérie, notamment dans celles d'Al-Kef, Jebel Chambi, Kasserine, Gafsa et Tozeur, lesquelles offrent des frontières poreuses et perméables avec l'Algérie. Ce renforcement du dispositif sécuritaire intervient quelques jours après les deux fusillades opérées à 25km de Tunis, et qui ont dévoilé un vaste réseau de djihadistes tunisiens, connectés au Gspc algérien, lequel se revendique d'Al Qaîda. Les attentats déjoués de Tunis étaient planifiés pour constituer l'événement de la fin de l'année 2006 et auraient pu aboutir n'était la vigilance des forces de sécurité. Le groupe islamiste armé tunisien, dirigé par Lassaâd Sassi, un ancien officier de la gendarmerie, originaire de Nabeul (Cap Bon), devait faire exploser, le même jour, pendant les festivités de fin d'année, les ambassades américaine et britannique. Le groupe armé tunisien, anéanti avant qu'il ne passe à l'action, a été neutralisé, mais on ignore si d'autres éléments demeurent encore recherchés par la police, après les aveux de 15 personnes arrêtées et liées à la même affaire. La capture des deux Tunisiens à Meftah, dans la proche périphérie d'Alger, il y a près d'un mois, avait déjà donné l'alerte. Des sources tunisiennes autorisées ont affirmé en outre, après l'arrestation des quinze islamistes, le 3 janvier, que parmi les éléments du groupe faits prisonniers, et qui ont été aux interrogatoires d'usage, six Tunisiens venaient de rentrer d'Algérie, ce qui permet d'ajouter foi à la thèse qui soutenait que l'armement du groupe tunisien lui a été fourni par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien. Aussi, un des membres arrêtés parmi les assaillants est mauritanien, ce qui permet aussi, de saisir la nature «maghrébine» du groupe, car on sait, depuis mars 2003, et l'affaire des 32 touristes européens enlevés par Ammari Saïfi, dont une bonne moitié fut acheminée vers Kidal, au nord du Mali, que le Gspc dirige, dans ses opérations dans la région saharo-sahélienne, un nombre important de mauritaniens, mais aussi de Nigériens et Maliens. Encouragés par les attentats qui ont secoué, l'année précédente, Charm Ech-Cheikh et Amman, les groupes djihadistes locaux, affiliés ou non à Al Qaîda, ne désespèrent pas de rééditer le coup des attentats hyperspectaculaires contre les ambassades américaines de Dar-Es-Salem, en Tanzanie, et de Nairobi, au Kenya, qui avaient fait, en 1998, 220 morts, dont 18 Américains. Par l'intermédiaire du Gspc, devenu désormais sa branche armée dans le Maghreb, Al Qaîda a tenté une incursion, certes, déjouée en Tunisie, mais il faut s'attendre à ce que la contagion djihadiste atteigne le Maghreb. Les meilleurs spécialistes du dossier sécuritaire assurent que le climat de politique internationale est malheureusement propice pour cette expansion de la «guerre sacrée».