Prévue pour le mois de décembre, la dissolution de cette entreprise a eu lieu le 31 octobre dans un total anonymat... C'est depuis hier que les 3400 employés de l'Epeal se sont mis en grève illimitée dans les trois grandes wilayas du Centre (Alger, Boumerdès et Tipasa). L'échec de la réunion de samedi, qui a regroupé la fédération du Btph (bâtiment, travaux publics et hydraulique) avec le directeur général de l'Algérienne des eaux, est à l'origine de ce débrayage. La principale revendication a trait à l'augmentation des salaires, telle stipulée dans l'accord du 10 novembre et signée conjointement par le syndicat et le directeur général de l'Epeal. Mais à regarder les choses de plus près, personne ne peut s'empêcher de s'interroger sur le rapport du directeur de l'Algérienne des eaux avec ce conflit qui n'implique, normalement, que le signataire du protocole d'accord, en l'occurrence, le DG de l'Epeal. La dernière sortie médiatique et inattendue du directeur de l'ADE à propos de cette affaire, n'a fait qu'accentuer ces interrogations. La réponse est simple même si elle risque d'en surprendre plus d'un. L'Epeal, au même titre que les huit autres EPE (établissements de production et de distribution d'eau) existantes, a été officiellement dissoute le 31 octobre. Le décret de dissolution (dont nous avons une copie) ayant déjà été publié au journal officiel le 3 novembre dernier, et ce, à la grande surprise des premiers concernés, à savoir les travailleurs de l'entreprise. L'Epeal et les autres EPE ne devaient être intégrées à l'Algérienne des eaux qu'à partir du 31 décembre prochain. Qu'est-ce qui a bien pu justifier ce changement de programme et pourquoi s'est-il produit en catimini? Pour le syndicat, la réponse est claire comme de l'eau de roche. Il ne s'agit pas plus que d'«une conspiration hautement combinée d'un coup bas qui vise à mettre les travailleurs devant le fait accompli». En effet, lors de la première réunion de la commission de conciliation (installée le 28 octobre en présence du DG de l'Epeal, des représentants du ministère et autres responsables) qui s'est tenue le 2 novembre, le décret de dissolution avait déjà été signé. Pourquoi donc toute cette «comédie», s'insurge-t-on? Quoi qu'il en soit, les travailleurs ne semblent pas vouloir lâcher prise, même s'ils ignorent tout sur leur devenir et celui du secteur. En effet, avant même qu'elle n'entre en fonction, il semble qu'il y ait beaucoup de choses à dire sur cette Algérienne des eaux. Déjà que son statut n'est pas très clair pour les travailleurs de l'entreprise, encore moins pour l'opinion publique. L'on s'interroge également sur son rôle et ses objectifs réels. Nos interlocuteurs semblent baigner dans une opacité totale. «Notre entreprise a été créée par un décret présidentiel, et voilà maintenant qu'elle est dissoute par décret exécutif. C'est à n'y rien comprendre», diront-ils. Le changement de deux DG de l'Algérienne des eaux depuis sa création au mois d'avril 2001 (l'actuel étant le troisième), avant même qu'elle n'entre en fonction, est, pour les travailleurs de l'entreprise, de mauvais augure. A vrai dire, cette nouvelle restructuration ne vise, en fait, que la privatisation pure et simple du secteur, avec tout ce que cela implique...Déjà que la nomination laisse dubitatif. Le renouvellement de certains réseaux par la Marseillaise des eaux et la Lyonnaise des eaux est interprété par le partenaire social comme étant de futurs «lauréats». En attendant que la chose se confirme, les travailleurs sont décidés à aller jusqu'au bout de leur combat pour arracher leur droit, mais aussi faire la lumière sur tous les non-dits relatifs à l'ADE. Pour commencer, l'on dénonce certains faits tel «l'octroi d'une prime de production collectif (PRC) au profit des employés de l'ADE, alors qu'ils n'ont pas encore pris leurs fonctions», s'insurge le partenaire social. C'est à se demander ce qu'on pourrait apprendre si les langues venaient à se délier. Rappelons que dans le protocole d'accord, il était question d'une augmentation de 12 à 33 % sur les salaires de base. Or, la nouvelle administration n'a pas voulu aller au-delà de 15 %. Le refus du syndicat est justifié par le fait que beaucoup garderaient toujours un salaire de base inférieur à 7000 DA. Faut-il rappeler à ce propos que pas moins de 15% des travailleurs de l'Epeal ont un salaire de base inférieur au Snmg.