L'artisan de la politique extérieure des Etats-Unis dans les années 70 vient de rendre son tablier après avoir été nommé, le 17 novembre dernier, à la tête de la commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 septembre 2001. “Je suis arrivé à la conclusion que je ne peux accepter la responsabilité que vous me proposez”, a écrit Henry Kissinger dans une lettre adressée à Bush. Née dans la controverse, la commission qui devrait faire la lumière sur les attaques terroristes subit ainsi un autre revers et la vérité sur les éventuelles carences du système du renseignement américain renvoyée à une date ultérieure, le temps de trouver un président de rechange. L'ancien secrétaire d'Etat justifie sa décision par la dissolution de sa société de conseil qui pourrait, selon lui, retarder les travaux de la commission. Et voilà une autre démission, après celle du conseiller à l'économie, qui secoue une fois de plus le bureau ovale, et met à mal l'administration de George W. Bush qui, depuis son arrivée à la maison-blanche, a bénéficié de soutiens que son prédécesseur n'a pas eus durant deux mandats. Pourquoi Kissinger décide-t-il, subitement, de rentrer chez lui alors que son président lui a offert l'aubaine de revenir au devant de la scène politique américaine après une longue traversée du désert ? Le chef de la diplomatie américaine, durant le règne de Richard Nikson, ne semblait pas préoccupé uniquement par le fait de mener à bien ses propres affaires, mais plutôt dérangé par l'arrivée du sénateur Lee Hamilton, un spécialiste des relations internationales à la vice-présidence de la commission. Mais qu'importe la décision de Kissinger ! ce qui intéresse l'opinion et suscite moult interrogations, c'est cette cascade de démissions à la Maison-Blanche. S. R.