Depuis quelques années, les habitants de cette région ne se sentent plus concernés par les actions politiques du FFS et du RCD. Au début de la crise en Kabylie, les partis représentés dans la région se sont retranchés dans une logique qui les a conduis à la faillite politique. Refusant toute alternative de dialogue ou de compromis politique avec le pouvoir ces partis avaient choisi volontairement la voie de l'opposition comme seule alternative logique pour le règlement de la crise. Résultat, presque deux ans après le début du printemps noir, ces partis n'ont, non seulement échoué dans leur mission de ramener la paix et la quiétude dans la région, mais en plus, ils ont perdu le seul terrain de la contestation qui leur restait: la Kabylie et ce, au profit d'un mouvement citoyen, dont les racines d'engagement politique sont, jusqu'à ce jour, inconnues. Le FFS et le RCD, qui ont toujours revendiqué la paternité de la Kabylie, se retrouvent aujourd'hui dans une situation politique plus que délicate. Leur non-participation aux législatives a favorisé leur exclusion du champ politique, mais aussi du schéma établi par le pouvoir. Le RCD, qui a échoué dans son expérience au gouvernement, n'arrive plus à arrêter l'hémorragie qui a touché son parti. Ainsi après l'exclusion de Khalida Messaoudi, qui a réussi sa reconversion en entrant par la grande porte au gouvernement Benflis, après la démission d'Amara Benyounès, ex-numéro deux du parti de Saïd Sadi, reconverti, lui, en gérant d'une publication régionale, c'est autour, de L'hadi Ould Ali, responsable du MCB d'être écarté du RCD. Ce dernier a été largement utilisé par Saïd Sadi aux premiers moments de la crise en Kabylie, alors que le RCD était encore au gouvernement. En écartant les plus importants cadres du parti, le président du RCD, Saïd Sadi, a vraisemblablement conduit son parti à la déroute. D'autant plus qu'il n'a enregistré aucune venue importante dans le parti, contrairement aux années précédentes où ce parti avait réussi «le coup d'Etat» de récupérer Tarek Mira et surtout Hamid Lounaouci, ancien secrétaire national du FFS. Aujourd'hui, le RCD a perdu pratiquement toute sa base en Kabylie, récupérée en partie par les ârchs, mais surtout ses soutiens à l'étranger et dans la presse. Le RCD, qui avait construit sa réputation sur la démocratie, le respect des libertés et des droits de l'Homme, a sensiblement perdu sa place de favori sur la scène politique, laissant le terrain au PT et surtout au FFS qui garde encore le flambeau de la défense de l'acquis démocratique. En dépit de toutes les difficultés rencontrées durant ces dernières années en Kabylie, la base du FFS est restée intacte, mais impuissante devant l'ampleur des événements. Refusant tout dialogue ou toute concession sur les revendications de la Kabylie, le FFS est resté coincé entre le désir d'aller aux élections et le souhait de faire échec aux desseins du pouvoir. Ouvertement opposé à l'autonomie, un point positif partagé avec le pouvoir, le FFS n'a pas voulu servir de dindon de la farce électorale, et préféré s'orienter vers une position de non-participation. Pour les prochaines échéances locales, le parti du FFS compte revoir sa stratégie et aller vers une participation active aux prochaines élections. Pour cela, les cadres du parti d'Aït Ahmed se réunissent à Béjaïa pour sensibiliser les militants et les citoyens de la région sur les élections locales. Ils ont un argument de taille, leur non-participation aux élections permettra aux autres partis comme le PT et surtout le FLN de s'installer dans ce qu'ils considèrent comme leur fief. L'expérience des législatives qui a donné à des partis moins présents dans la région, comme le FLN et El-Islah, d'être élus représentants de la Kabylie à l'APN, a visiblement donné à réfléchir aux responsables du FFS, mais aussi aux citoyens de la région qui ne veulent plus être passifs dans les décisions politiques qui sont prises pour l'avenir de leur région.