Laissé en jachère pendant quatre longues années, le terrain politique en Kabylie commence à “repousser” à la faveur des résultats des élections partielles du 24 novembre. Les partis en lice sont les premiers à applaudir ce retour à la normale dans une région “allergique” à l'urne. Revenant de loin après un passage à vide, le RCD estime que cette élection a permis de réhabiliter un débat politique pollué pendant quatre années par une stratégie de pourrissement. Tout en saluant “les citoyens qui ont mis en échec la programmation de l'hégémonie de l'ex-parti unique, grâce à leur vigilance”, le parti de Saïd Sadi se félicite “de ce que l'arsenal mis en branle pour imposer le monopole des partis de la coalition dans le pouvoir local ait été mis en échec par la détermination des militants et des citoyens”. De son côté, le RND, qui a enregistré avec satisfaction les conditions de sérénité et de transparence, n'a pas caché sa joie quant au retour à la légitimité des urnes. Pour le parti de Ahmed Ouyahia, ces élections constituent “un parachèvement de la démocratie et du pluralisme dans notre pays”. Le RND ajoute que la tenue de ce scrutin en Kabylie permet un retour à la légalité constitutionnelle dans cette région “qui a besoin de prise en charge des problèmes des citoyens ainsi que la poursuite du processus de développement et l'exécution des projets”. Réagissant aux résultats des partielles, le FLN considère que le vote tenu, jeudi, dans certaines wilayas du pays constitue “une victoire majeure pour l'Algérie et la consécration de la démocratie”. Le FFS se dit satisfait, lui aussi, du retour des partis politiques aux commandes de la gestion locale. “Malgré les conditions difficiles, le FFS a réussi le pari d'avoir réhabilité le politique dans une région qui a toujours su garder sa couverture politique et qui a montré son attachement au combat démocratique”, a déclaré Karim Tabou, chargé de communication, au premier parti de l'opposition. Maintenant que la chose politique a repris son cours en Kabylie, quel sera le sort du mouvement citoyen qui a toujours parlé au nom de la région, en l'absence d'élus démocratiquement choisis ? Le gouvernement piloté par Ahmed Ouyahia continuera-t-il à se concerter exclusivement avec les délégués des archs comme seul interlocuteur dans le règlement des conflits dans la région ? Pas sûr, les choses vont changer, estiment des observateurs de la scène politique locale. “Wait and see”, disent les autres. “Maintenant, c'est aux élus de parler au nom du peuple. Ce sont les seuls habilités à le faire. Un parti est un parti, une association est une association. À chacun ses prérogatives. Une chose est sûre, ce scrutin a sonné le retour des partis sur la scène politique locale”, s'enthousiasme un délégué de l'aile dite non dialoguiste. “Le verdict des urnes, malgré tous les brouillages opérés par le pouvoir, est sans appel : le politique est réhabilité et les partis d'opposition démocratique sont toujours majoritaires dans la région. La population reste fidèle à ses traditions de lutte fortement ancrées et à ses revendications légitimes”, commente de son côté, Mohand Meziani, délégué de Makouda. Et d'ajouter : “Les élections de jeudi dernier font ressortir que malgré toutes les manipulations, le pouvoir a échoué dans sa tentative d'opérer une recomposition politique dans la région au profit de sa clientèle”. Selon M. Meziani, la population a su déjouer la manœuvre, la substitution des forces politiques démocratiques traditionnelles par une nouvelle classe politique d'allégeance. “Elle n'a pas eu lieu. Il s'agit d'un constat d'échec de toute une stratégie mise en place par le pouvoir et qui consistait à présenter la frange dialoguiste du mouvement citoyen comme représentante de la région dans l'optique de supplanter les partis démocratiques fortement implantés en Kabylie”. Pour ce délégué, “il est utile de rappeler que le mouvement citoyen n'a jamais été contre les partis, bien au contraire il œuvrait pour le renforcement des acquis démocratiques et du pluralisme politique, mais qu'une frange agissant pour le compte du pouvoir a détourné le mouvement de son esprit originel pour en faire un instrument contre les partis d'opposition démocratique”. Quant à Belaïd Abrika, que nous avons pu contacté en fin de journée, il a préféré réserver sa réponse car, dit-il, les membres de la CADC de Tizi Ouzou sont actuellement en concertation et la position du mouvement citoyen sera connue, ce lundi, à l'occasion d'une conférence de presse qui sera animée à Tizi Ouzou. A. T.