Le premier partenaire commercial de l'Algérie semble prendre conscience du danger de l'attentisme. Le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, arrive aujourd'hui à Alger pour une visite de deux jours durant lesquels il s'entretiendra avec les plus hautes autorités du pays. Dans une déclaration à l'APS, il a indiqué les grands axes de sa visite. Il y a d'abord les préparatifs de «la première visite d'Etat en Algérie d'un président français», souligne-t-il. La visite du président Chirac à Alger s'effectuera normalement début 2003. En second lieu, l'Année de l'Algérie en France est appréhendée, du côté français, avec une attention particulière en raison des symboles de rapprochement qu'elle véhicule. Enfin le troisième point est d'ordre économique. De Villepin rappelle, à ce titre, que «les entreprises françaises sont les premières à investir en Algérie, hors secteur hydrocarbures». Il évalue le nombre d'entreprises françaises présentes à une centaine qui ont investi dans les secteurs de l'agroalimentaire, des banques, des détergents, de l'électricité et de la distribution automobile. Il révèle en outre que «l'accord de conversion de 61 millions d'euros de dettes en investissements privés que nous allons signer, encouragera encore davantage nos entreprises à prendre le chemin de l'Algérie». Mais il est important de noter que depuis la visite d'Etat du Président Bouteflika à Paris en juin 2000 il y a un «élan» qui nécessite une «nouvelle impulsion», selon le ministre français. Car, au-delà des rapports économiques, les deux pays ont «une proximité géographique, une culture commune et surtout des liens humains d'une densité unique», ajoute-t-il. Ces déclarations optimistes sont annonciatrices d'une ère nouvelle dans les relations entre les deux pays. Rappelons que depuis l'arrêt du processus électoral de janvier 1992, la France officielle s'est murée dans une position d'attente jusqu'à ce que le pouvoir d'Alger détermine sa politique. L'entrée dans l'engrenage de la violence en Algérie s'est accompagnée d'une attitude hostile qui s'est transformée en soutien après le retour de la droite aux commandes en 1993. Les limites des interférences françaises étaient difficiles à fixer durant la parenthèse 93-95. Le détournement de L'Airbus français puis les attentats du RER ont mis un terme aux sentiments. Pendant cette longue phase de transition et de déchirement interne, la France est restée sur ses gardes, interdisant quasiment à ses ressortissants de fouler le sol algérien. Il faudra rappeler que les Français ont été ciblés plus que les autres étrangers par les terroristes. Les Etats-Unis ont profité de cette période pour s'impliquer davantage. Le nombre de contrats signés entre les entreprises américaines et Sonatrach est assez révélateur. Alors que le débat franco-algérien est resté au stade d'Air France et des consulats.