Paris semble trancher définitivement avec les tergiversations entretenues à propos de l'Algérie depuis l'arrêt du processus électoral en 1992. Le ministre français des Affaires étrangères, M.Dominique de Villepin, est arrivé hier en fin d'après-midi, à Alger pour une visite officielle de deux jours, tel qu'annoncé par les autorités. Il devait rencontrer son homologue algérien hier soir et s'entretenir aujourd'hui avec le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le ministre français doit également visiter le quartier historique de Bab El-Oued, inaugurer le lycée international d'Alger et prononcer un discours à l'Institut national de la magistrature sur les relations entre les deux pays. Situant les objectifs de son séjour à Alger, le chef de la diplomatie française avait déclaré samedi dernier qu'il comptait donner «une impulsion nouvelle aux relations franco-algériennes» et confirmer «l'élan qui prévaut» entre les deux pays depuis la visite d'Etat effectuée en France par Bouteflika. Ainsi, ce déplacement a pour but de poursuivre et d'approfondir la dynamique de refondation des relations qui ont toujours évolué en dents de scie. Les immigrés clandestins algériens installés en France et les réformes économiques seront également évoqués lors des discussions qu'il aura avec les plus hautes autorités algériennes. Le soutien de Paris aux réformes économiques s'est matérialisé par la reconversion d'une partie importante de la dette extérieure algérienne. La visite du chef de la diplomatie française, qui précède celle du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, du ministre de la Défense et celle du président Jacques Chirac qui interviendra en mars 2003, traduit un réchauffement jamais égalé entre Alger et Paris. Elle révèle, en outre, le désir de transcender les points de divergences qui ont depuis toujours provoqué des tensions entre les deux pays. Par ailleurs, la densité du redéploiement diplomatique français coïncide avec la volonté certaine exprimée par Washington de faire de l'Algérie un partenaire stratégique dans la région du Maghreb. Aussi, à la lumière des derniers développements politico-économiques, Paris semble trancher définitivement avec les tergiversations entretenues à propos de l'Algérie, depuis l'arrêt du processus électoral en 1992. Au plan politique, la conjoncture internationale a fini par confirmer la justesse du combat algérien contre le terrorisme et du point de vue économique, l'attractivité du marché algérien est désormais avérée notamment après la dernière réévaluation de la Coface. Des opportunités que compte saisir la France pour reconquérir un marché qu'elle a presque abandonné, par attentisme, au détriment des Américains qui se sont montrés plus offensifs.