Les lobbies BTS savent au moment opportun faire pencher la balance de leur côté. Il semble, à en croire les sources les plus crédibles, que la «machine de l'Est», véritable conglomérat disparate de lobbies hyper-influents, s'est déjà mise en fonctionnement pour faire pièce à la stratégie politique de Bouteflika. Ce puissant et influent courant, qui s'étend pratiquement de Jijel à Tebessa et comprend la partie du Sud-Est, Oued Souf et Biskra, a déjà sa petite idée sur les élections et sur les stratégies à adopter pour faire barrage au trio hégémonique Bouteflika-Ouyahia-Zerhouni. Ces lobbies, longtemps en hibernation, semblent avoir été réveillés par les distorsions de la vie politique depuis une année, mais surtout par la tendance ostensiblement affichée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de privilégier les hommes de l'Ouest, à qui il fait entière confiance. Mieux, le président semble avoir un faible pour tous ceux qui affichent leurs attaches à l'Ouest, notamment à Tlemcen, à Oran, à Nedroma ou à Oujda. Cette pratique de la part du président a été vérifiée, par exemple, lors de la tenue en catimini du congrès des anti-Benflis, qui a regroupé les pro-Bouteflika, et s'est tenu à Djelfa. Le choix de la capitale des Ouled Naïl n'a pas été fortuit, car le wali, M.Addou, qui a été nommé par Bouteflika, est de Tlemcen, et passe pour être un des hommes de confiance du président et un des hommes de main du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Remarquez que les trois partis islamistes sont aujourd'hui majoritairement de «tendance Est». Si pour Ennahda et le MRN, les choses étaient connues depuis la constitution de leur parti, il n'en est pas de même pour le parti du vénérable Mahfoud Nahnah, décédé il y a peu de temps. Pour le MRN d'Abdallah Djaballah, le gros de l'électorat se trouve dans le Constantinois, Skikda, Collo, Tébessa et la mégamétropole Constantine. Ennahda, qui vient d'écarter Lahbib Adami au profit de Benaïcha, un ancien député de Batna, garde les mêmes aires d'influence que le MRN, mais à un degré beaucoup plus insignifiant. La nouveauté est constituée par le MSP qui, après avoir été longtemps dominé par le Blidéen Nahnah, promoteur du «juste milieu politique», semble avoir été phagocyté par les gens de l'Est. Le plébiscite d'Abou Djerra Soltani à la tête du parti, a-t-il obéi à cette tendance lourde? Certainement. D'autant plus que, un jour seulement avant l'élection du nouveau remplaçant de l'irremplaçable Nahnah, c'était Abderrahmane Saïdi, enfant de Blida, et Megharia de Chlef, qui étaient en pole position pour gagner la confiance du madjliss echoura. Mais tout cela n'est pas lourd devant les autres groupes menés aujourd'hui par des hommes qui ne partagent plus la politique du président Bouteflika et tentent de lui faire barrage. Il s'agit de Zeroual, Benflis, Khaled Nezzar, dont les ramifications dans les bastions de l'Est, Annaba, Batna, Tébessa, Constantine et Souk-Ahras, ne sont plus un secret pour personne. Plus important encore que tous ces hommes politiques, les liens sacrés de la tribu et du arch et les lobbies constitués par les milieux d'affaires de l'Est, et qui peuvent à tout moment faire pencher la balance en faveur de leur candidat. Les pesanteurs sociologiques sont telles, par exemple, à Tébessa, qu'il est très hasardeux de se lancer dans une élection sans l'appui des deux grandes tribus locales, dont les puissants Nemamcha. Plus que jamais, les élections en Algérie restent soumises à des considérations sociologiques, et non politiques, et le péril pour le président, outre la région kabyle qui lui échappe encore, viendra certainement de l'Est.