Un projet photographique à cinq volets. Cinq visions pour montrer la résistance en Algérie au quotidien. «L'art est une résistance, il est une des manières que nous avons trouvé pour dire nos arrachements, nos disparitions, nos peurs, nos espoirs, nos jours et nos propres résistances», dit Anne-Marie Camps. Cette dernière est photographe indépendante évoluant en France plus précisément du côté de Marseille où elle exerce au sein d'une association dans laquelle elle possède un atelier noir et blanc baptisé «Sémaphore». Née à Alger, il y a 45 ans, elle y a vécu les treize premières années de sa vie. Anne-Marie Camps est actuellement en Algérie pour une série de photos, en vue d'une prochaine exposition photographique à cinq voix qui sera présentée en 2003 dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France, ainsi qu'en Algérie en 2004, afin de poursuivre l'échange et le travail engagés. «Je ne viens pas à la recherche de mes racines, je viens pour participer à la plantation d'un centre qui ressemblerait à celui de Pablo Neruda. Ce travail en commun sera emmené par Ammar Bouras, et professeur à l'école supérieure des Beaux-Arts d'Alger, de Louisa Ammi, photographe à Liberté, de Joss Dray qui vit et travaille à Paris ainsi qu'Anne-Marie.» Coordonné par elle, ce projet mettra en exergue vingt images par auteur, soit une exposition de 100 photos. Cette manifestation fera l'objet d'une tournée dans toute la France, à partir du printemps 2003 avec organisation de débats en collaboration avec des colloques sur la littérature algérienne organisés par Benamar Médiène. A travers cette exposition, Anne-Marie tend à faire ouvrir les yeux du monde sur la réalité des Algériens et leur vécu. «Ce qui m'intéresse, dit-elle, c'est de montrer comment les personnes peuvent continuer de vivre dans n'importe quelle situation et d'expliquer: «J'avais deux objectifs en montant ce projet, c'est d'essayer, d'une part, de contrebalancer l'image que peut avoir la France de l'Algérie et qui tend à être extrêmement négative, ne voyant en elle que violence, massacre et terrorisme, d'autre part, il y a ce discours officiel qui aimerait que tout aille bien. Il y a donc une espèce de grand vide entre les deux que je souhaiterais remplir en donnant l'image de ce que vivent les gens tous les jours ici, et leur manière de se battre à l'image de cette association de Bab El-Oued (SOS Culture ndlr). C'est exactement de ça dont j'ai envie de parler, comment les gens dans des situations difficiles parviennent à s'organiser et mettent en place des structures qui aident aussi les jeunes à avoir des perspectives d'avenir et s'investissent dans l'organisation de leur vie». Les images qui découleront de ce projet collectif seront l'expression de l'actualité et l'environnement social, culturel et politique de l'Algérie. Un documentaire photographique qui traduira «la nécessaire volubilité du regard». Un regard forcément matière à débat. Engagé pour l'Algérie debout, Anne-Marie l'est autant pour la Palestine qu'elle connaît très bien et où elle a souvent travaillé. Mue par l'esprit d'équité et de justice, ce bout de femme est motivée par l'envie de tout révéler, dire la vérité même si elle n'est pas bonne à dire. «Ces hommes, femmes et enfants sont aujourd'hui les résistants de la liberté. Ils se battent pour tous les terriens du monde contre la mondialisation de la terreur.», dit-elle, et de confier: «Il faut que les structures internationales aident le peuple palestinien, le protègent car il est en danger, complètement abandonné...». Citoyenne du monde, la photographe Anne-Marie Camps vise par son travail à sensibiliser et à susciter le débat, afin de créer une chaîne de solidarité. Ceci est la force de l'image. «Ne pas montrer la mort, mais témoigner de sa présence violente par la forme esthétique choisie et la puissance symbolique de la photographie afin d'éviter le piège de la banalisation et de la normalisation de la situation qu'on veut nous imposer.», souligne-t-elle. L'exposition «Algérie, arbre, vie 2003» se veut, selon Anne-Marie «une passerelle, pour pouvoir écouter et donner la parole à ceux qui sont mis à l'écart, oubliés (...) et qui constituent pourtant, les forces vives et la véritable humanité de ce monde, une exposition comme un objet et un lieu de débat démocratique». Un soutien chaleureux que tend à apporter Anne-Marie Camps pour ses semblables, dans un esprit de paix, de tolérance et de fraternité.