Il serait approvisionné en armes par Brahim Bahinga, chef de la tribu malienne des «Foughass». La dernière information sûre en notre possession, relative aux mouvements de ce terroriste, est qu'il aurait pris attache, durant ce mois-ci, avec le chef de la tribu «El Foughass», le nommé Ibrahim Bahinga, située à Tinasoukou, sur la bande frontalière malo-tchadienne, et ce, dans le but, précise la source, de s'approvisionner en armes et en munitions. Ce chef de tribu vient de déposer les armes il y a de cela une année, ajoute notre source. La présence de Mokhtar Belmokhtar (alias Khaled Abou El Abbes alias Laouar, né à Ghardaïa en juin 1972), dans le Sud algérien remonte à 1994 quand Djamel Zitouni avait chargé le groupe du GIA du Sud d'assassiner les ressortissants étrangers travaillant dans le sud du pays. Belmokhtar, pour ce faire, avait nommé Tahri Taher, alias Azem, principal adjoint, chargé de la fabrication de bombes artisanales. Ce dernier, né en 1954, a été abattu par les forces antiterroristes près de Ghardaïa. A ses côtés, Belmokhtar avait également Habi Miloud, natif, lui aussi, de Ghardaïa. Ex-Afghan, ce terroriste était considéré au sein du groupe Belmokhtar comme l'«émir spirituel et législateur» actif du GIA du Sud. Il a été éliminé, en 1999, sur les monts des Bibans à Bordj Bou-Arréridj. Le groupe du Sud avait dans ses rangs des évadés de la prison de Tazoult, à l'image de Feda Mounir, Moussa Gachoche...La plupart d'entre eux ont été abattus par les forces antiterroristes algériennes. Avant qu'il ne réactive ses activités terroristes dans cette région du Sahel, Belmokhtar, eu égard aux sévères coups que les services de sécurité ont portés à l'encontre de son groupe, s'était réfugié au Mali et au Niger, ce que Hattab n'aurait pas accepté et ce fut la première «mésentente» née entre le chef du Gspc et Belmokhtar qui a failli «perdre sa place» d'«émir» de la zone 9 du Gspc. D'ailleurs, hormis la présence de l'émissaire de Ben Laden dans cette région sahélo-maghrébine à des fins de mise en place d'une base arrière d'Al-Qaîda, la venue de celui-ci, abattu, rappelle-t-on, à Batna, était aussi destinée «à normaliser» la relation Hattab-Belmokhtar. Ce qui prouverait, à suivre les informations en provenance de cette région, un certain redéploiement de ce dernier sur le tracé frontalier cité plus haut où, faut-il le rappeler, un bureau appartenant à un mouvement se dénommant «Daâwa oua Tabligh» aurait été ouvert, au Niger et, selon des sources, serait destiné à alimenter le groupe de Belmokhtar en armes. Il y a aussi le fait que ces contrées désertiques qui abritent toutes sortes de contrebandes, constituent surtout le point de départ vers les maquis terroristes du Nord de l'Afrique de la plupart de la marchandise militaire (fusils mitrailleurs, Rpg 7, roquettes, cartouches...). Le nord du Mali constitue un lieu et un passage que les islamistes fondamentalistes écumant la région, exploitent à des fins terroristes. Il y a lieu de citer, à cet égard, la région d'«El-Khalil», située au nord du Mali et connue pour être une région qui échappe au contrôle des autorités militaires maliennes qui ont quasiment quitté les lieux. En effet, selon une source bien informée, une caserne militaire implantée au Mali a fait récemment l'objet du vol d'un important lot d'armes et de munitions qui a été remis, après un long périple effectué par des villageois maliens, aux éléments de Belmokhtar, justement au lieu-dit «El Khalil» pour être acheminé, précise la source, vers les maquis du Gspc du Nord du pays sous la férule de Hattab, au Centre et, celle de Abderrazak El-Para, à l'Est. Par ailleurs, une vingtaine de Pakistanais en situation irrégulière, avaient, en octobre 2002, transité par cette localité d'«El-Khalil» en provenance de Gao (Mali), vers la Mauritanie, et ce, pour pénétrer en territoire algérien. C'est dire donc que l'immigration clandestine est à la source des facteurs favorisant l'implantation des réseaux de Ben Laden et le trafic d'armes dans cette région désertique qui se singularise, au plan géologique, par un massif montagneux s'étendant du Mali jusqu'en Egypte, rendant la surveillance difficile et surtout l'incapacité des Etats d'effectuer des contrôles de leurs frontières respectives. Pour pouvoir cerner un tant soit peu la circulation des armes dans cette région et les pratiques illicites du commerce «tout terrain», serait-il judicieux de souligner, par ailleurs, qu'au nord du Niger, la présence du Front révolutionnaire sahraouis (FRS) et le Front démocratique révolutionnaire (FDR) sont deux fronts basés à la frontière libyo-nigérianne qui avaient dénoncé les accords conclus, en avril 1994, entre Israël et le pouvoir nigérian. A l'époque, le FRS comptait environ 250 combattants et avait bénéficié, en juillet 1996, d'un armement lourd important. L'approvisionnement en armes de ces deux fronts, n'induit-il pas celui des groupes de Belmokhtar? Outre cette date, Belmokhtar écumait déjà ces régions où, selon des informations, plusieurs lots d'armes datant de la guerre libyo-tchadienne ont été retrouvés et récupérés par la tribu des «Toubous», située aux frontières tchado-nigérianes, et vendus à des contrebandiers proches des Groupes islamistes armés (GIA). Certaines tribus targuies devenues rebelles peuvent facilement, dans ces conditions, faire jonction avec l'organisation «Al-Qaîda» de Ben Laden qui bénéficierait ainsi d'un tremplin logistique permettant de propulser son essaimage vers les parties nord de l'Afrique.