Qui veut discréditer Ali Gherbi? Les affrontements, qui ont éclaté mardi soir à l'issue du meeting populaire animé par le porte-parole du CSC d'El-Kseur pour alerter l'opinion publique et les autorités sur la situation gravissime des détenus grévistes, en ont surpris plus d'un. Bien que cette rencontre ait été bien préparée et qu'elle ait eu lieu dans une ambiance bon enfant, un groupuscule de jeunes a réussi tout de même à provoquer des troubles. De l'avis général, le discours prononcé à l'occasion par Ali Gherbi ne pouvait aucunement donner lieu à une quelconque tension. Du coup, on n'a pas hésité un instant à parler d'une grossière manipulation qui viserait à saboter le comité de la société civile d'El-Kseur et son président. Dans l'entourage d'Ali Gherbi, on n'hésite pas à montrer du doit «les autonomistes et les délégués travaillant pour le compte des partis politiques», ceux-là mêmes qu'Ali Gherbi avait, à maintes reprises, accusés de tentatives de récupération et de manipulation. Dès la fin de la manifestation, un groupe de jeunes s'est dirigé vers le commissariat pour l'arroser de pierres et autres projectiles, témoignent de nombreux citoyens. La police n'a pas tardé à riposter par des tirs de bombes lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Le face-à-face a duré près de trois heures. On déplore trois blessés dans les rangs des manifestants. Contacté par nos soins, le porte-parole du comité de la société civile d'El-Kseur s'est montré «surpris par ces échauffourées» et a déclaré: «Je ne les cautionne aucunement», en précisant: «Au moment où nous tentons, par tous les moyens, de rendre espoir à une population en usant d'actions pacifiques de sensibilisation, cette nouvelle tension ne peut que porter préjudice à notre comité et au mouvement tout entier», avant de conclure sur un air désabusé: «Pourtant, nous avons tout prévu : un service de vigilance chargé spécialement de veiller aux moindres tentatives d'exploiter l'événement pour déclencher les troubles.» Pour revenir au meeting, il eut lieu dans de très bonnes conditions et a drainé une foule nombreuse. Ali Gherbi s'est longuement attardé sur la situation des détenus, particulièrement ceux qui observent une grève de la faim depuis 21 jours. Des propos de l'orateur ressortait une volonté d'alerter l'opinion et le pouvoir. Ce dernier est, ainsi, mis devant ses responsabilités. On percevait facilement sa préoccupation par rapport à la situation qualifiée de «préoccupante et d'inquiétante» à la fois. La démobilisation, l'échec des actions initiées jusque-là sont autant de faits à l'origine des nombreuses propositions dont il est l'auteur. «Il faut aller de l'avant», martèle-t-il devant une foule qui lui répondait par des applaudissements nourris. Il fait appel au Président de la République d'user de ses prérogatives pour un geste salutaire pour la région et toute l'Algérie. Ce geste, qui pourrait désamorcer la crise, se traduirait, selon la volonté de l'orateur, par un communiqué portant satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Les agents de Sonelgaz, qui «se feraient passer pour des huissiers de justice» en vue d'encaisser les redevances électriques chez les commerçants de la ville, ont été violemment dénoncés par l'orateur qui «invite le commissaire de la ville à intervenir pour mettre fin à ces pratiques malhonnêtes». Hier encore, le CSC d'El-Kseur a initié une marche populaire en soutien aux détenus grévistes. A l'heure où nous mettons sous presse, la situation est relativement calme. Malgré la vigilance de tous, il n'en demeure pas moins que les troubles peuvent reprendre à tout moment. Les mêmes objectifs consistant à «alerter l'opinion publique et les autorités sur la situation désespérée des détenus grévistes» sont assignés à cette manifestation.