Pour la première fois depuis qu'il est au pouvoir à Damas, le président syrien effectue une visite officielle en Algérie. Celle-ci, étalée sur deux jours, sera, selon des sources aussi bien syrienne qu'algérienne, consacrée au «renforcement des relations bilatérales» entre les deux pays, ainsi qu'à l'examen de la «conjoncture internationale», notamment celle qui est en rapport direct avec les affaires du Proche-Orient. Intervenant dans un contexte moyen-oriental empreint de bruit de bottes et de guerre américaine quasiment annoncée contre un autre pays arabe, l'Irak, et qui conduirait peut-être à l'explosion de toute la région, la venue dans notre pays du chef de l'Etat syrien revêt une signification et une importance toute particulière en termes de concertation politique en ces jours difficiles traversés par la nation arabe. En fait la visite en Algérie d'Al-Assad, accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Farouk Al-Chareh, était prévue de longue date selon une source officielle algérienne (début mai 2001), mais elle avait été repoussée à la «seconde moitié» du même mois avant d'être purementet simplement annulée. L'explication? avancée à l'époque par des analystes de la presse algérienne, de cette annulation ne relèverait, selon ces milieux, que d'un simple contretemps, qui avait un rapport avec les événements de Kabylie qui se sont répercutés sur Alger à l'époque (entre avril et juin 2001). Autrement dit, en dépit de toutes les spéculations sur ce sujet, les rapports politiques et diplomatiques entre Alger et Damas sont au beau fixe même si la dernière visite d'un chef d'Etat syrien en Algérie remonte à celle du défunt président Hafez Al-Assad (père de Bachar) en 1997. Il faut rappeler qu'aux obsèques de ce dernier en juin 2000, c'est le président Abdelaziz Bouteflika en personne, qui y avait assisté et notre pays avait décrété alors un deuil national de trois jours. Il est vrai que les relations politiques séculaires entre les deux pays ont toujours été très profondes, chaleureuses, voire stratégiques. Faut-il rappeler que la Syrie et l'Algérie ont fait partie, à la fin des années, du fameux «front du refus et de la fermeté» réunissant plusieurs pays arabes adoptant une position intransigeante vis-à-vis de la politique d'agression d'Israël contre les peuples arabes. Notre chef de diplomatie, M.Abdelaziz Belkhadem, a aussi rencontré récemment, à la faveur d'un voyage à Damas, son homologue syrien Farouk Al-Chareh dans le cadre d'une visite officielle de deux jours et où il a présidé alors la réunion de la commission mixte algéro-syrienne. Les deux parties avaient souligné la nécessité de redynamiser leur coopération à travers une relance des accords et programmes d'action conclus dans les différents domaines, en particulier les échanges commerciaux, la formation et l'énergie par le biais de la promotion du partenariat et de l'investissement. Néanmoins, le volet économique entre les deux parties reste en deçà de ce qu'il devrait être, puisque les échanges commerciaux officiels restent faibles, voire embryonnaires, ne dépassant pas les50 millions de dollars par an, même si le flux et le volume du commerce entre les populations des deux pays se sont accrus ces dernières années. Dans ces conditions, et selon les spécialistes des échanges commerciaux algéro-syriens, seule la mise en relation directe des communautés d'affaires des deux pays pourrait constituer un moyen adéquat pour impulser une dynamique renouvelée entre les opérateurs économiques des deux parties, ce qui permettrait alors de dépasser le simple acte commercial.