le RND «est favorable à un dialogue avec toutes les forces de la région, sans exclusive». La situation se corse entre les ârchs et le FFS, principale formation politique en Kabylie, au fur et à mesure qu'approche l'échéance des élections partielles et du dénouement de la crise. Les délégués du mouvement citoyen de Tizi Ouzou (Cadc), après avoir qualifié de trahison la décision du parti de Hocine Aït Ahmed de participer aux élections locales du 10 octobre dernier, remettent ça en tenant pour responsable ce parti de toute dérive que connaîtrait la grève de la faim des détenus du mouvement. Le FFS, qui a participé au dernier scrutin local pour empêcher le pourrissement qui guette la région, ne rate pas l'occasion de signifier son refus de tout compromis que le pouvoir esquisserait dans le but de remettre en selle le RCD qui a fait sienne la revendication du mouvement des ârchs, étant intimement convaincu que la configuration actuelle des ârchs est une création des services de sécurité. De plus, le FFS, anticipant vraisemblablement ce scénario, avait tiré à boulets rouges sur l'administration de Zerhouni, au lendemain du 10 octobre dernier, en l'accusant d'avoir sciemment omis de réunir les conditions nécessaires pour la tenue des élections locales dans les circonscriptions électorales dont le scrutin n'a pas été validé. De son côté, le RCD continue de rejeter le principe des élections partielles sous prétexte de la non-satisfaction des revendications de la plate-forme d'El-Kseur. Mais, des indices recueillis sur le terrain laissent penser que le parti de Saïd Sadi vit dans la hantise d'une hémorragie interne provoquée par le projet de création d'un parti politique qui s'appellerait «le Mouvement des forces libres» et qui grignoterait sa base militante. Cela justifierait, logiquement, les liens qui se resserrent davantage entre les membres influents de la Cadc, en liberté, et le RCD. Du côté de l'administration, on ne souffle mot sur les préparatifs de ce scrutin qui concerne maintenant plus d'une soixantaine de communes à travers le territoire national. Le ministre de l'Intérieur a annoncé que des consultations ont été lancées avec les formations politiques en présence, dans la région et que la consultation électorale devait être programmée à partir du printemps, en raison des rigueurs climatiques en Kabylie. Le silence radio de l'administration sur ce sujet traduit la complexité de la situation, et la relance de la contestation en Kabylie, à la faveur de la grève de la faim des détenus de Tizi Ouzou et de Béjaïa, ne serait pas étrangère à cet enjeu. Le FLN, à travers son secrétaire général, M.Ali Benflis, a effleuré la question en émettant le souhait de voir «les voies du dialogue prévaloir en Kabylie, afin que soit trouvée une solution satisfaisante à la situation qui y prévaut». Quant au RND d'Ouyahia, il ne fait aucune concession aux ârchs. Selon son secrétaire national chargé de l'organique, M.Abdelkader Malki, le RND «est favorable à un dialogue avec toutes les forces de la région, sans exclusive». Mais, tient-il à souligner, «on ne peut tout de même pas demander l'impossible». En conclusion, ce ne sont pas autant les traditionnelles querelles entre frères ennemis dans la région (le FFS et le RCD) qui obstruent la quête de la solution pacifique à la crise que les velléités de création d'une nouvelle machine électorale pour combler un vide politique, laissé par une formation politique, aujourd'hui en perte de vitesse dans la région.