Les délégués des partis politiques n'ont pas intérêt à ce que la crise soit réglée, et ce, en prévision de la présidentielle. La décision des deux principaux animateurs du mouvement des ârchs de claquer la porte à quelques encablures du dénouement de la crise qui secoue la Kabylie est venue montrer la fragilité d'un mouvement qui a pourtant payé le prix fort. A Bouira, la protestation pour l'application de la plate-forme d'El-Kseur a su, à travers le temps, passer outre aux entraves diverses. Hakim Kacimi, principal animateur du mouvement de Bouira, également délégué interwilayas, était hier l'hôte de notre journal. Il a, à cette occasion, indiqué que «le temps des décantations était arrivé» et que «si le mouvement piétinait de la sorte, c'est qu'il n'écoute plus ce que déclare la base citoyenne favorable au dialogue, alors que les délégués partisans, principalement ceux du RCD, font tout pour l'en empêcher». Kacimi estime, ce disant, que «le mouvement se trouve à la croisée des chemins (et que) les délégués partisans, à bout d'arguments politiques, qui s'opposeraient même à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur, car tel est l'intérêt de leurs leaders, devront bien se séparer des ârchs quitte à ce que nous allions vers deux mouvements parallèles». Kacimi, qui ne doute pas un instant que «les citoyens vont suivre les délégués demeurés fidèles aux préceptes qui avaient présidé à la naissance de ce mouvement», annonce solennellement que «l'interwilayas aura lieu la semaine prochaine avec ou sans les autres et que la décision finale sera prise avec toutes les conséquences devant en découler sur la région». Prenant directement à partie les délégués du RCD, il indique : «Ces derniers ne sont pas logiques avec eux-mêmes puisque la plate-forme d'El-Kseur est absolument incompatible avec le plan de refondation nationale du Dr Sadi». Il ajoute que «même le FLN et le RND tentent de bloquer le dialogue, car toutes les formations politiques ont intérêt à ce que la crise perdure en prévision de la présidentielle». Même le secrétaire général du RND, explique-t-il, «n'apporterait pas sur un plateau d'argent le soutien des ârchs au Président pour un second mandat puisqu'il devrait se contenter de celui de son parti, cela même s'il occupe le poste de Chef du gouvernement puisque tout le monde sait que Ouyahia lorgne déjà du côté de la présidentielle de 2009». Kacimi, en substance, qui dénonce avec force l'opportunisme de nombreux délégués partisans, ajoute que le mouvement est à la croisée des chemins et que la décantation devra se faire, quitte à ce que cela advienne dans la douleur. Une fois entamé le plus gros de la précampagne électorale, les choses deviendront de plus en plus difficiles à gérer si l'amorce du dialogue et du règlement de la crise n'est pas sérieusement et sereinement entamée.