Deux hommes décidés et compétents sont venus présenter, à la presse nationale, le rapport annuel de la Cnuced sur le commerce mondial et le développement, à l'hôtel El-Djazaïr. Messieurs Noureddine Boukrouh, ministre de la Participation et de la Coordination des réformes, et Paolo Lembo, coordinateur du programme de la Cnuced pour l'Algérie, semblent embarqués dans la même galère: «Le principal obstacle aux IDE en Algérie est l'image très négative, très mauvaise, qu'on en a (de l'Algérie, Ndlr) à l'étranger...», répètera à plusieurs reprises le fonctionnaire italien de l'OND. La situation sécuritaire n'est pas mise en cause, puisque «des pays bien plus dangereux que l'Algérie ont bénéficié de flux d'investissements étrangers considérables, tels l'Angola et le Nigeria...», ajoutera M.Lembo. Pour le représentant de la Cnuced, «la seule voie de sortie de l'Algérie pour attirer des investissements hors hydrocarbures, consiste en l'ouverture d'une série de zones franches». Ces zones permettront aux étrangers d'«avoir une perception de l'Algérie plus proche de la réalité». Interrogé sur l'impact des attentats du 11 septembre sur les économies nationales, M.Lembo estime qu'«il est possible de tirer des facteurs positifs de cet impact, pour des économies moins sensibles aux sautes d'humeur des places boursières, et qui sont capables de métaboliser les chocs liés à la perte de confiance». Une façon de dire que l'Algérie pourrait bénéficier des retombées, négatives ailleurs, de la panique qui s'est emparée des principales places boursières. M.Boukrouh, d'un optimisme tranquille, affirme: «Nos réserves de change équivalent à deux années d'importation. Notre dette extérieure est d'environ 22 milliards de dollars. Le service de la dette plafonne à 20%. Avec des indicateurs pareils, l'Algérie est éligible à tous les challenges économiques.» Développant son idée, le ministre de la Privatisation rappelle le bilan négatif de son secteur, et insiste sur le fait que, «désormais, depuis la promulgation des deux dernières ordonnances, nous disposons des moyens législatifs et institutionnels pour réaliser notre potentiel. Nous escomptons, pour 2002, des rentrées liées aux opérations de partenariat de l'ordre de 2 à 2,5 milliards de dollars.» Emporté par son élan, M.Boukrouh s'écrie: «Les opportunités d'investissement en Algérie sont fabuleuses.» C'est dans cet ordre d'idées que le ministre rappellera la prochaine dissolution de l'Apsi et son remplacement par un Office national de développement de l'investissement (Ondi) qui sera tenu «de rendre tous les services dus à l'investisseur en 30 jours». Pour conclure, M.Lembo affirme sa conviction profonde de «pouvoir faire de l'Algérie, avec l'aide des Algériens, un poids lourd économique en Afrique et en Méditerranée». Selon lui, «les moyens existent. Les hommes aussi. La volonté politique y est. Il ne nous reste plus qu'à nous mettre au travail.» Il négocie avec certains ministres algériens «la possibilité d'organiser, dans une capitale européenne, une grande conférence internationale sur l'investissement en Algérie».