Le ministre de l'Intérieur s'est exprimé jeudi sur la recrudescence du terrorisme dans cette région. La wilaya de Chlef est la région la plus meurtrie d'Algérie. La démission de l'Etat ainsi que l'absence d'assistance à personne en danger ont contraint le député Ahmed Fadhel à poser la question orale suivante au ministre de l'Intérieur: «Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour combattre le terrorisme à Chlef et quelles sont les décisions prises pour restituer les armes des citoyens?» Le ministre a fait un préambule en mettant en exergue l'objectif principal des terroristes qui cherchent à provoquer «un tollé médiatique et un état de psychose au sein de l'opinion publique». Selon les informations dont il dispose, il s'agit d'un seul groupe sévissant à Chlef et dont l'action est en diminution au fil des jours. Il rappelle que durant les années 90, il y avait 400 morts par an alors qu'entre 2001 et 2002 ce nombre est de 100-170 victimes. M. Zerhouni souligne que l'Etat n'a pas démissionné et qu'il «est présent sur le terrain et qu'il oeuvre à mobiliser les citoyens et à améliorer la formation des corps de la sûreté». Mais il révèle qu'il n'y a pas de déficit en armes puisqu'il y a 18.000 hommes armés dans la wilaya de Chlef entre GLD et groupes d'autodéfense, divisés en 218 groupes. Répondant à la seconde question, le ministre fait état de 1813 autorisations de port d'armes délivrées l'année dernière. Mais il ajoute qu'à Boukadir, les citoyens ont refusé de prendre les armes entre 1997 et1998. Il faut rappeler qu'à cette époque, la wilaya de Chlef était calme. Les groupes de l'AIS étaient entrés en trêve et il n'y avait aucune utilité à armer davantage de gens. En répondant de cette manière, le ministre prend à son compte les déclarations des agents locaux de l'administration qui accusent les citoyens de Boukadir de «terroristes» en insultant la mémoire des victimes. Mais il estime que les terroristes «n'ont aucune chance de parvenir à leurs objectifs» en exhortant les citoyens «à se mobiliser et à faire preuve de vigilance». Sur le plan social, le ministre de l'Intérieur indique que pendant les trois dernières années, Chlef a bénéficié d'un soutien important par rapport aux années précédentes. Ainsi la wilaya a bénéficié de 1,7 milliard de centimes en 1999, de 4,3 en 2000, de 10,2 en 2001 et de 14,75 en 2002 en plus de ses propres ressources. M.Zerhouni veut démontrer que «l'intérêt accordé par l'Etat au développement local, notamment dans les régions affectées par le terrorisme» ne signifie en aucun cas «démission de l'Etat» à Chlef. Rappelons que la wilaya de Chlef vit une situation exceptionnelle depuis un certain temps. La confrontation, qui a eu lieu entre le wali et un député indépendant et qui a commencé par le détournement de l'unique maison de jeunes de la ville au profit d'une radio locale a fait couler beaucoup d'encre. Prise entre le marteau et l'enclume - de la mauvaise gestion et du terrorisme - la vallée du Chéliff ne constituait pas une préoccupation majeure pour les autorités, mais maintenant qu'un ministre d'Etat en parle, il y a lieu de croire à un intéressement inattendu.