«Tout le monde est devenu constitutionnaliste.» Le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia a carrément rejeté toutes les revendications émanant principalement du groupe des «dix» dont celle ayant trait à la démission du gouvernement qu'il dirige: «Ceux qui appellent à la démission de mon gouvernement et son remplacement par un autre gouvernement neutre pour gérer l'élection présidentielle sont en train de conter des légendes» a t-il, affirmé jeudi dernier lors de l'émission «A chacun son opinion» de la Chaîne II. «En 1997, a-t-il ajouté, c'est moi qui ai suggéré au président Zeroual de mettre un gouvernement neutre et c'est ce qu'il a fait en nommant M.Hamdani. Je dis que la prochaine élection présidentielle sera libre et transparentes.» Il a ensuite stigmatisé les parties qui avancent l'idée d'un blocage constitutionnel par l'utilisation de l'APN en recourant au dépôt de la motion de censure pour faire tomber le gouvernement en place: «Tout le monde est devenu constitutionnaliste», lâche-t-il. Selon lui, ils (les partis politiques) avaient la possibilité de le faire lors de la présentation de son programme à l'assemblée nationale en 2003. Il a également répondu négativement à ceux qui appellent au report de l'élection présidentielle du 8 avril prochain en leur citant le cas du 12 janvier 1992 qui s'est soldé par la démission-surprise de Chadli Bendjedid et son remplacement par Mohamed Boudiaf dans les conditions que l'on sait et en les enjoignant de méditer cet exemple, suggérant ainsi que le pouvoir a procédé à une entorse à la Constitution. Il a réitéré sa pleine confiance en l'administration centrale et en la commission politique de surveillance de l'élection présidentielle, récemment nommée et présidée par Bouchaïr. Concernant la présence des observateurs étrangers, il s'est dit favorable à cette revendication. La question du dialogue arch-Ouyahia a pris les trois quart du temps imparti à cette émission. D'emblée, il a tenu à préciser que l'invitation faite aux délégués des archs ne peut être assimilée «à la signature de l'armistice». Le chef du gouvernement a tout d'abord commencé par reconnaître l'entière responsabilité de l'Etat algérien dans cette tragédie en soutenant que» l'Etat a commis une faute dans cette affaire» tout en ajoutant que l'Etat aurait dû récupérer la plate-forme d'El- Kseur à Tizi-Ouzou même et «éviter ainsi les tragédies et les errements depuis 2001». Il est resté tout de même intransigeant par rapport à la question du référendum sur l'officialisation de tamazight. Concernant la reprise du dialogue, Ouyahia s'est déclaré impuissant à avancer le moindre indice: «Personne ne peut se prononcer sur la date de la reprise ou non du dialogue. Il faudra attendre peut-être des jours ou des semaines.» Pour lui, le dialogue a buté sur un seul point, à savoir celui relatif à l'officialisation de la langue Tamazight. Sur cette question l'orateur a précisé que ce point a nécessité toute une journée. Comme il n'a pas voulu se mouiller en affirmant à son interviewer: «Je ne dis pas non et je ne dis pas oui» en mettent en avant les contraintes techniques et administratifs (documents officiels de l'Etat, état civil et les documents juridiques) qui peuvent surgir si jamais tamazight est reconnu langue officielle. Mais il ne cache pas son optimisme quant à la satisfaction de cette revendication en mettant en avant le fait que la situation politique n'est pas comme celle ayant prévalu en 1949 (la crise berbère ) et celle de 1980 ( le Printemps berbère consécutif à l'interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri). A ce sujet, il a émis trois pistes à l'adresse des délégués: d'abord l'entêtement qui conduira fatalement à l'impasse, ensuite l'application stricte de la loi et enfin la voix de la sagesse. Aussi il s'est adressé «aux sages de la région» afin qu'ils influent positivement sur la décision que doivent prendre les délégués lors du conclave de Bounouh. Les autres points sont, selon lui, pratiquement résolus. En premier lieu et concernant les poursuites judiciaires, Ouyahia a révélé que les 1400 personnes poursuivies pénalement depuis 2002 sont aujourd'hui mises hors de cause. Il reste le cas de deux personnes (un père et son fils) arrêtés et emprisonnés dans le cadre de l'assassinat d'un policier et qui s'accusent chacun du meurtre de cet agent de l'ordre. Pour Ouyahia, l'un deux pourrait sortir de prison, s'ils acceptent de dire la vérité à la justice. Il sera jugé, selon lui, conformément aux lois de la République. L'autre point relatif à la situation des travailleurs licenciés, le premier responsable du gouvernement a assuré que 5025 personnes ont été réintégrées à leur poste et les 4 ou 5 cas restants le seront prochainement La dissolution des APC a également été abordée par l'orateur qui espère parvenir à un règlement définitif avec toutes les parties concernées: «Nous nous sommes engagés et nous respecterons notre parole. Mais, je tiens à dire que les délégués ont surtout posé le problème des APC et quelquefois des députés.» Enfin et concernant l'éventualité d'un boycott massif des citoyens des wilayas de Tizi Ouzou de Bouira et de Béjaïa lors de la prochaine consultation électorale, Ouyahia a déclaré que «le vote est libre» et d'ajouter que sur les 17 millions inscrits sur les listes électorales, 4 millions de votants représentant les trois wilaya citées plus haut, ne peuvent entacher le scrutin.