Les questions de la filialisation et de la concession dans le secteur ferroviaire ont fait rebondir le syndicat d'entreprise de la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf) qui a appelé, avant-hier, à la nécessité de préserver l'intégrité de l'entreprise et interpellé les pouvoirs publics pour participer à la rénovation de son matériel. Le partenaire social considère que ces pratiques portent atteinte aux intérêts suprêmes de la Sntf et à ses 13.000 cheminots. Ces propos alarmistes, rapportés par le syndicat Ugta dans la résolution du conseil national extraordinaire de l'entreprise, tenu à Annaba, lundi dernier, nous ont amenés à faire réagir la direction générale de la Sntf. Selon son responsable de l'exploitation, M.El-Eulmi, il n'y a «aucune concession à l'ordre du jour» au sein de l'entreprise. A propos de la filialisation, le syndicat estime que des projections de la Sntf «tendent à filialiser les ateliers de maintenance matériel moteur du Hamma, et plus tard les autres ateliers du réseau». M.El-Eulmi, que nous avons joint, hier, par téléphone, a tenu à rassurer en avançant que «la filialisation des ateliers de maintenance obéit au souci d'une gestion plus efficiente et que c'est une pratique généralisée dans beaucoup de pays». Mieux encore, notre interlocuteur précise que «les filiales qui seront créées resteront à 100% propriété de la compagnie nationale». S'agissant de «la licence d'exploitation de la ligne minière en voie de liquidation», dont parle le syndicat, allusion faite à la ligne électrifiée El-Ouenza-El-Hadjar qui transporte le minerai de fer des mines d'El-Ouenza et de Djbel El-Onk vers le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, M.El-Eulmi apporte «un démenti catégorique» aux bruits qui courent, selon lesquels la Sntf aurait cédé cette liaison ferroviaire ainsi que sur sa liquidation. «Il n'y a aucun dossier de concession à ce sujet ni à la DG ni au ministère des Transports», a-t-il ajouté. Il est utile de rappeler que cette liaison spécialisée répond aux besoins exclusifs du complexe sidérurgique géré depuis deux ans par la compagnie indienne Ispat. Ce partenaire étranger ne désespère pas de faire main basse sur cette ligne ferroviaire. Or, selon d'autres sources, Ispat n'arrive pas à atteindre les objectifs fixés dans son cahier des charges à la fin 2002. D'où, vraisemblablement, les appréhensions du syndicat à son sujet. Interrogé sur la signification de la déclaration du syndicat selon laquelle «la situation comptable et de gestion de la Sntf n'est pas ‘‘auditable''», M.El-Eulmi estime que «le rapport du commissaire aux comptes comporte des réserves que nous sommes appelés à lever». Quant au statut d'Epic de l'entreprise, le responsable de l'exploitation affirme qu'il n'est pas sujet à discussion. Enfin, la compagnie nationale traîne un passif de 9 milliards de dinars, dont près de 4 milliards concernent l'acquisition de wagons de voyageurs entre 1982 et 1984 sous forme de crédits à long terme touchés par les pertes de change et de 4 autres milliards d'exploitation. La Sntf a subi également 24 milliards de DA de perte dus au terrorisme. Le dossier d'assainissement de l'entreprise, sur lequel la DG et le syndicat nourrissaient des espoirs pour renflouer les caisses, est toujours, lui, à l'étude.