Un préavis de grève sera déposé par le syndicat dans les quelques jours qui viennent. Le syndicat de la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF) recourra incessamment à la grève pour sensibiliser les pouvoirs publics sur la situation critique que vivent les cheminots. Un préavis de grève sera déposé dans les quelques jours qui viennent. La décision sera entérinée, lors d'une réunion prévue pour la semaine prochaine. Les négociations entre la section de l'UGTA et la direction générale ont finalement capoté. La plate-forme de revendications relatives, entre autres, à la convention collective, proposée par les représentants des travailleurs, n'arrive plus à concilier les deux parties. Les rencontres du 2 et du 19 juillet dernier n'ont pas fait avancer les choses. La réunion du 19 juillet a, rappelle-t-on, été boycottée par l'administration. Ce qui a poussé le partenaire social à établir un PV de non-conciliation, en présence d'un inspecteur principal du travail, délégué à cet effet. Le conflit opposant les deux antagonistes n'est assurément pas près de connaître son épilogue. Devant cette impasse, les cheminots voient en le mouvement de grève l'ultime recours. À travers cette manifestation, les syndicalistes souhaitent faire entendre à la tutelle leur SOS quant à l'avenir “incertain” qui guette leur entreprise. Trois principales questions, contenues dans la loi 01-13 du 7 août 2001 portant orientation et organisation des transports terrestres, préoccupent le collectif. De prime abord, les cheminots se soucient du statut juridique de la SNTF. La loi en question, adoptée par les deux chambres, prévoit, en effet, la mise en concession du réseau ferroviaire national. Or, les employés de la SNTF exigent que leur société maintienne ses statuts d'EPIC (Entreprise publique à caractère industriel et commercial) et de concessionnaire général et unique du réseau ferroviaire dont l'Etat est le seul propriétaire. Le second problème auquel est affronté le syndicat a trait à la subvention de l'Etat, estimée à 2,5 milliards de DA. “Les subventions de l'Etat afférentes aux six dernières années n'auraient-elles pas servi à la couverture des dépenses d'exploitation et au paiement des charges du personnel, au détriment des objectifs ciblés pour lesquels elles sont destinées ?”, ne cessent de s'interroger les syndicalistes. L'entreprise, avoue le partenaire social, souffre d'une situation financière en nette régression. Ses découverts bancaires répétitifs s'élèvent, arguent-ils, à des dizaines de milliers de DA. Cet état de fait, soulignent les cheminots, plonge, par conséquent, la société dans un cycle infernal duquel il est difficile d'en sortir. Ils estiment que l'assainissement financier doit s'effectuer par la séparation des comptes d'exploitation et d'entretien. En termes plus clairs, “au stade actuel, il nous est difficile de discerner avec exactitude la destination des subventions de l'Etat et les objectifs de leur dépense”, précisent-ils encore. L'autre point qui a suscité une vive réaction du syndicat demeure la création de l'Agence nationale de développement et de suivi des investissements du réseau ferroviaire (Ansirf). Cette structure vient d'être installée sur décision interministérielle. La loi stipule que l'Ansirf gère uniquement le budget de l'investissement de l'Etat, destiné à des projets dans le secteur. Autrement dit, elle prendra en charge la réalisation de ces projets (installations et infrastructures) en tant que maître d'ouvrage et les mettra, une fois achevés, à la disposition de la SNTF pour exploitation. La section syndicale craint, cependant, que les prérogatives de cette agence ne soient élargies à d'autres domaines, tels que l'exploitation qui est réservée en principe à la SNTF. Si cette hypothèse vient à se confirmer, on assistera à un chevauchement d'activités qui risque d'asséner un coup fatal au secteur ferroviaire dans notre pays. Pour les syndicalistes, “ce serait une privatisation qui ne dit pas son nom”. Ils tiennent à préciser que leur organisation “n'est pas en possession de données sur les objectifs assignés à cette agence et dans quel domaine elle aura à intervenir”. Le syndicat d'entreprise estime, toutefois, que la réponse du ministère de tutelle, sollicité à ce propos, est positive dans sa globalité. C'est ainsi que le ministère des Transports a pris en compte l'ensemble des préoccupations des travailleurs. Il rassurera le collectif, dans une correspondance datée du 23 juillet dernier, que la SNTF gardera non seulement son statut d'EPIC, mais sera le concessionnaire général et unique du réseau ferroviaire. Le ministère, affirmera le syndicat, a rassuré les cheminots que leur société ne sera pas déstructurée et ne fera l'objet d'aucune approche tendant à sa privatisation. Par ailleurs, la section syndicale approuve la position du ministère, pour peu que ses solutions se concrétisent sur le terrain. B. K. Quelques vérités sur la SNTF - Sur les 264 locomotives dont dispose le secteur, seules 126 fonctionnent. Le reste est, semble-t-il, en panne. Le parc est réduit de 60% de ses capacités. - Plus de 1 200 agents recrutés et pris en charge financièrement par l'état-major pour la sécurité dans les trains sont actuellement payés par la SNTF. - Les chemins de fer en Algérie enregistrent en moyenne trois accidents par semaine. B. K.