Synonyme de veillées nocturnes, le Ramadhan est vécu différemment par la population de la wilaya de Mascara puisque l'ambiance varie d'une commune à une autre avec l'embarras du choix pour les jeûneurs du chef-lieu et des nuits tristes et monotones pour les ruraux qui meublent leur temps, bon gré mal gré. En dépit de la morosité qui règne après la rupture du jeûne, les citoyens qui résident à Mascara positivent pour ne pas sombrer dans le découragement. Un programme riche et varié est élaboré à leur intention avec l'organisation de soirées musicales qu'abrite la maison de la culture située en plein centre-ville avec une alternance dominée par la chanson raï, bédouine, chaâbi et hawzie. Outre les groupes musicaux locaux, des artistes des wilayas limitrophes se produisent en se relayant sur la scène de la maison de la culture dont les responsables assurent l'organisation des spectacles et la sécurité des visiteurs, du moins ceux qui sont servis par la chance, car l'exiguïté de la salle ne peut contenir tous ceux qui s'y présentent. Seuls ou accompagnés des membres de leurs familles, les chefs des ménages mettent à profit cette opportunité pour passer et goûter quelques instants de divertissement. Quant aux autres, ils se contentent de veillées familiales pour les femmes et des jeux de cartes et de dominos dans les cafés ouverts à cet effet, pour les hommes. Ainsi, à Mascara, on veille comme on peut pour respecter la tradition du mois sacré dans une ville dont les principales artères sont illuminées et embellies. Et comme toujours en pareille circonstance à l'approche de la fête de l'Aïd, les transactions commerciales s'accentuent avec l'achat des effets vestimentaires pour les enfants. Dans ce contexte, les commerçants maintiennent ouverts leurs locaux jusqu'à une heure tardive de la nuit, y compris les ambulants qui étalent à même le sol ou accrochent à des cintres leurs produits caractérisés par des articles d'importation. Face aux exigences de leur progéniture, les parents s'exécutent, quitte à s'endetter. Les commerçants n'hésitent pas à revoir à la hausse les prix de vente des effets vestimentaires, convaincus de la fragilité mentale des parents dont le seul souci et de satisfaire leurs enfants. A. B.