Pour les responsables d'Alstom, la technique permet de poser les voies quatre fois plus rapidement qu'une méthode traditionnelle et permet une réduction de coût et de temps. Le directeur de la branche transports pour l'Europe du Sud du géant Alstom, M. Emillio Gallochio, qui chapeaute également, dans l'organigramme de la société, l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, nous a affirmé qu'Alstom utilise pour le tramway d'Alger ses technologies les plus récentes dans la pose des voies, et ce, en recourant à une machine appelée Appitrack (Automatic Plate and Pin Inserter for Trackwork), qui permet de réaliser 100 à 120 mètres par jour. Le guidage de la machine, selon notre interlocuteur que nous avons rencontré lors du Salon international des transports ferroviaires (Innotrans), qui s'est tenu du 23 au 26 septembre à Berlin, en Allemagne, se fait par satellite pour permettre une précision presque absolue dans la pose des voies. La méthode est entièrement automatisée, par l'intermédiaire de deux machines fonctionnant en tandem et équipées d'un système de guidage et de pilotage utilisant les dernières innovations topographiques. Pour les responsables d'Alstom, la méthode permet de poser les voies quatre fois plus rapidement qu'une méthode traditionnelle, et les résultats sur la réalisation du projet sont immédiats. Ce procédé permet ainsi une réduction de coût et de temps. Interrogé à propos du léger retard enregistré dans la réalisation du tracé du tramway d'Alger, M. Gallochio soutient qu'il est essentiellement dû à l'absence et à l'imprécision des plans de réseaux souterrains fournis par les autorités locales et les entreprises. “Nous avons ce type de problèmes dans les villes qui ne sont pas habituées à des projets de surface. Les plans ne sont pas à jour. La déviation des réseaux et de la circulation automobile nécessite beaucoup de temps, notamment à cause des autorisations réclamées pour toute intervention”, indique M. Gallochio. Celui-ci reconnaît tout de même qu'en fin de compte, les problèmes qui se sont posés à Alger ne sont pas les pires dans les projets que réalise Alstom à travers le monde. Mais, dès que ces problèmes sont résolus, le rythme de réalisation s'accélère, admet-il. Et d'ailleurs, indique-t-il, “le projet (du tramway d'Alger) est bien avancé”. Interrogé à propos des marchés décrochés par le groupe dans la région du Maghreb, M. Gallochio soutient que la question de la langue (française) a beaucoup pesé dans la stratégie de pénétration par rapport aux concurrents notamment américains. Cependant, précise-t-il, cela ne suffit pas. “Dans notre stratégie, nous accordons une certaine importance à la continuité des chantiers et au service que nous apportons au client après la réception des projets. Le client est soutenu”, affirme-t-il. C'est le cas, en effet, pour le tramway d'Alger, projet que devront livrer clés en main Alstom et ses partenaires, et dont le groupe a signé un accord portant sur l'entretien et la maintenance du réseau pour une durée de 5 ans. Cette démarche, selon M. Gallochio, est de nature à rassurer les clients de la société. À noter que le salon Innotrans a connu cette année un engouement jamais enregistré auparavant de la part des exposants, mais aussi de la part des clients qui se sont rués quatre jours durant sur les centaines de stands des sociétés. Les participants que nous avons interrogés reconnaissent que c'est là l'un des rendez-vous les plus importants dans l'industrie des transports ferroviaires dans le monde. En plus des opérateurs traditionnels du secteur, notamment européens et américains, l'édition Innotrans 2008 a connu une “incursion” de sociétés venues de pays qui n'avaient pas jusqu'ici de “culture” ferroviaire comme ceux de l'Europe de l'Est, la Corée, le Vietnam, l'Australie… Le salon a enregistré cette année plus de 1 900 exposants de 41 pays venus participer à cette vitrine de l'innovation dans le secteur des transports ferroviaires. Les halls et les espaces d'exposition extérieure ont affiché pratiquement complet durant cette édition. Les 3 500 mètres de la voie ferrée du salon ont accueilli quelque 80 véhicules de haute technologie, du tout dernier train à grande vitesse au tram de dernière génération, en passant par les locomotives à basse consommation d'énergie. Quant aux pays maghrébins, fournisseurs ou clients, ils étaient quasiment absents d'un évènement pourtant planétaire, et qui devrait les intéresser au plus haut point. Et pour cause, le regain d'intérêt dans ces pays pour le transport ferroviaire de manière générale. H. S.