En cette fin du mois de Ramadhan, des dizaines de femmes tunisiennes de la bande frontalière ont trouvé la formule géniale qui leur permet, une fois sur le sol algérien d'une façon irrégulière, de faire les achats sans crainte de certains produits en Algérie pour les ramener ensuite en Tunisie. En effet, chaque jour, une trentaine de femmes tunisiennes squattent le souk principal de la ville de Tébessa, appelé communément Souk El-Nissa (femmes), mitoyen de la célèbre porte de Caraccalla. Juste après le passage des frontières, elles changent de look pour ressembler, de par leur habillement, aux femmes tébessies. Munies souvent de leurs hidjabs de circonstance, elles passent inaperçues à l'intérieur du souk. Elles raflent tout ce qui leur revient moins cher qu'en Tunisie comme le tissu, les ustensiles en aluminium, les produits cosmétiques, les portables, les fournitures scolaires et même du matériel électronique. Cet engouement des Tunisiennes est même apprécié car, indépendamment de son impact négatif sur les agrégats macro-économiques du pays, il donne un peu de vitalité à un commerce timide ces derniers jours dans la région. “La cliente tunisienne est une bouffée d'oxygène pour nos affaires car l'Algérienne termine difficilement les derniers jours du mois de Ramadhan, n'achetant que ce qui est nécessaire pour le f'tour et les intrants de la pâtisserie de l'Aïd”, explique un commerçant. Cette nouvelle race de contrebandiers s'aventure à l'intérieur du pays, dans des souks plus attractifs, comme celui de Dubaï à El-Eulma. H. Maâlem