D'“auditions de ministres”, le procédé a évolué en “réunions restreintes consacrées à un secteur”. Le ministre n'est plus auditionné sur sa gestion d'un département ; il se dissout dans un comité de secteur présidé par le chef de l'Etat. Le thème occulte la fonction. Quant au Chef du gouvernement, il est formellement exclu du processus. Le cycle de réunions du Ramadhan, ainsi réformé, donne l'impression première d'une suite de séances de brainstorming où naissent et se prennent toutes ces résolutions qui font les “unes” du lendemain et le programme national des cinq ans à venir. Médiatiquement, les objectifs, généralement adoptés de longue date, sont présentés comme autant des scoops. Dans la dernière séance consacrée à l'Intérieur, il fut notamment question de réforme des finances locales et de carte d'identité et passeport biométriques. Il fut, auparavant, question, en matière d'hydraulique, de barrages des Hauts-Plateaux et de transfert des eaux de la nappe albienne ; dans le domaine de la justice, il fut décidé la construction de dizaines de nouveaux établissements pénitentiaires ; au sujet des finances, il fut arrêté la décision de moderniser les services fiscaux et les douanes, etc. D'autres exemples de projets peuvent êtes mentionnés, formulés comme désordres, instructions et décisions instantanées émanant du chef de l'Etat à l'issue d'“auditions” de ministres et, désormais, de “réunions restreintes” sur les secteurs. Ainsi extraites du rapport sur le bilan et les perspectives sectoriels, les projections ne sont plus les fruits d'un processus institutionnel où les instructions du Président, premier responsable de la politique de développement national, jouent, certes, un rôle déterminant, mais sont présentées comme un ensemble de directives qui, finalement, vient édifier le corps du programme de développement pour la période à venir. L'arithmétique publiée des inventaires sectoriels rendus publics les rend illisibles pour le commun des téléspectateurs et des lecteurs. L'absence d'autocritique fait passer sous silence les retards, les échecs, les surcoûts et les erreurs des programmes passés et fait ensuite en sorte qu'on ne retienne que les résolutions d'avenir. Bien sûr la planification nationale n'a jamais été un modèle de rigueur prospective, mais les éléments d'un programme de développement économique et social sont, en théorie, préalablement, et ne serait-ce que formellement, mûris, évalués, budgétisés dans une démarche qui ne laisse pas trop de place aux initiatives inopinées, si lumineuse soient-elles. Même conçue comme d'essence régalienne, elles devraient satisfaire au procès formel de planification. Ne serait-ce que pour être articulées au programme global. Ne s'agirait-il alors que d'un procédé politique que tendrait à associer chaque projet saillant à une résolution du président Bouteflika qui l'a “ordonné” ou en a “instruit” le ministre. Et la publication en forme de “bonnes feuilles” d'un programme 2009-2014, qui serait le produit de l'évaluation présidentielle des bilans sectoriels, n'aurait-elle été qu'une série télévisée de campagne électorale ? Au moment où la décision de troisième mandant se précise, la campagne électorale pour un résultat au demeurant lui aussi programmé, aurait-t-elle commencé ? M. H. [email protected]