C'est la quatrième année consécutive que le fast-food pizzeria appartenant à M. Moulay Atba Benatba, au centre de la ville de Chlef, ouvre son restaurant de la rahma durant le mois de Ramadhan en faveur des centaines de familles nécessiteuses et autres citoyens de passage dans la région. D'habitude, ce sont de jeunes universitaires d'à côté et autres intellectuels, ainsi que des dizaines de personnes de différents couches de la société qui fréquentent quotidiennement les lieux dotés d'un intérieur cossu et agréable. Mais dès l'arrivée du mois sacré, ces derniers doivent laisser place à d'autres personnes que l'impitoyable destin frappe de plein fouet, et dont l'extrême pauvreté envenime et détériore de plus en plus leur vie familiale. Le propriétaire de cet établissement que nous avons surpris alors en plein travail, ainsi que l'ensemble de son personnel, a difficilement accepté de répondre à nos questions. Selon lui, il s'agit d'une action humanitaire et de bienfaisance héritée de père en fils qu'il mène pendant chaque Ramadhan et qu'il veut toujours accomplir anonymement tout comme l'avaient fait avant lui, depuis de très longues années, ses aïeux. “Au total, entre 120 et 150 repas chauds sont quotidiennement servis à table et pas moins de 40 autres à emporter. Comme vous le voyez, tout le monde est mobilisé depuis le début de la journée car dans chaque programme quotidien, un travail colossal attend chacun de nous. Il faut que tous les repas doivent être prêts au moins une heure avant la rupture du jeûne afin de permettre aux familles qui les emportent et qui habitent loin d'ici de rentrer chez elles en temps opportun. De nombreuses autres familles viennent rompre le jeûne ici, d'ailleurs, tout comme l'ensemble des travailleurs des entreprises avoisinantes. Pour ce qui est des voyageurs qui sont de passage à Chlef et que nous accueillons chez nous également, leur nombre est aussi important : plusieurs d'entre eux sont nos habitués depuis plusieurs années. C'est pourquoi nous avons même aménagé un parking pour leurs véhicules, taxis et bus. Ensemble, nous veillons strictement à la qualité des repas et aux autres services que nous leur offrons”, fera savoir M. Benatba, qui prend totalement en charge le financement de cette action caritative. Il est assisté dans cette opération par un autre individu qui offre - tout en gardant l'anonymat - quotidiennement d'importantes quantités de bouteilles d'eau minérale. Pour le même propriétaire de cet établissement, ce genre d'actions humanitaires ne doit normalement plus faire partie des attributions de l'Etat qui a d'autres grands problèmes à résoudre, notamment en ce qui concerne le logement et l'emploi entre autres. “Quant à ces opérations de solidarité et bien d'autres similaires, elles doivent être charitablement prises en charge par des généreux qui demeurent, El Hamdoulillah, très nombreux dans notre pays”, ajoutera notre interlocuteur. Au moment où la conversation avec lui battait son plein, l'appel à la rupture du jeûne se faisait entendre. “Que Dieu bénisse ce monsieur qui nous offre tout durant ce mois sacré. Comme vous le constatez vous-même, nous ne manquons de rien. Du repas complet et varié, de la climatisation, de la télévision et surtout du respect tout comme chez soi”, lancent enfin de nombreuses personnes rencontrées au moment du f'tour. Ahmed Chenaoui