“Lakhdar et la bureaucratie” est le titre du dernier opus du réalisateur Abdelkader Merbah. L'avant-première de cette comédie a eu lieu, hier, à la salle Ibn-Zeydoun de l'Oref à Alger. Le trublion rural incarne un professeur qui mène une vie tranquille dans son douar. Un jour alors que Lakhdar était chez lui, il entend un appel à idées radiophonique lancé par le “centre de lutte contre la bureaucratie”. L'annonce n'est pas terminée que Lakhdar est déjà en train de préparer ses affaires pour se rendre à la capitale. Il voit en cette annonce une opportunité pour éradiquer ce fléau qui “bouffe” l'administration algérienne. Les affaires prêtes, il prévient sa femme Kheïra, jouée par Lynda Sellam, qu'il sera de retour au plus tard dans deux jours, puis direction Alger. À peine arrivé, Lakhdar se trouve confronté à moult péripéties et mésaventures loufoques. Son premier défi fut de pouvoir demander une chambre d'hôtel à un réceptionniste qui s'occupe de tout sauf des clients ; interprété par Farid Rocker qui joue le rôle d'un jeune tout le temps énervé qui parle de manière désagréable. Le défi réussi, la chambre retenue, Lakhdar décide de se rendre au niveau de l'administration du concours pour déposer son dossier et exposer ses idées. Il se trouve immédiatement confronté à plusieurs soucis bureaucratiques, formulaires interminables, plantons incompétents et pas d'ascenseur. La caricature de l'administration algérienne ne manque pas de brio. Mais les malheurs de Lakhdar sont loin d'être terminés. On lui vole son argent et il se retrouve à la rue à faire la manche pour se nourrir. C'est là que le film quitte les terres de la dénonciation de la bureaucratie pour celles de la misère ordinaire, dans une société de moins en moins solidaire. Lakhdar refuse, en effet, de rentrer chez lui bredouille et risquer de devenir la risée du douar. Kheïra qui s'inquiète du sort de son mari qui ne donne aucun signe de vie décide de se rendre elle aussi à la capitale… Ce drôle de road movie algérien a été très bien accueilli par le public. Durant toute la durée de la projection, de nombreuses personnes présentes ne pouvaient plus s'arrêter de rire au point qu'on avait du mal à entendre la suite du film. Avant même que Lakhdar commence à parler, on pouvait entendre les chuchotements des fans du genre : “Il va nous sortir un truc auquel tu ne t'attends pas.” À la sortie, on pouvait voir des visages radieux et des mines détendues. Une mère de famille venue avec ses enfants : “J'ai adoré le film, Lakhdar nous surprendra toujours. Le film est très bien, il traite les tracas de la vie de tous les jours avec dérision et humour.” Pour sa part, l'actrice Lynda Sellam nous dit “découvrir le film pour la première fois comme tout le monde ici”. “Je suis ravie du résultat. J'espère que le téléspectateur adorera voir le film comme on a adoré le faire”, reprend la comédienne. Le scénariste du film, Lamine Merbah, quant à lui, trouve que “c'est une bonne chose pour le cinéma algérien qui enfante ce genre de films, pour que le public national se retrouve dans les productions locales qui traitent les problèmes de tous les jours et avec dérision”. À la question “avez-vous, comme votre héros, rencontré des problèmes bureaucratiques pour monter ce film”, Merbah répondra que “les problèmes ne sont pas d'ordre administratif, mais c'est une histoire de confiance. L'ENTV devrait faire plus confiance aux scénaristes et réalisateurs algériens et investir beaucoup plus dans la production cinématographique”. “Le film était écrit pour distraire les Algériens et les faire rire, car le rire est une chose importante donc les Algériens en ont vraiment besoin”. Pour ce qui est du choix des comédiens, M. Merbah trouve que “le choix des acteurs s'est imposé de lui-même, car pour faire ce genre de comédies, on n'a pas beaucoup d'acteurs qui sont spécialistes de l'humour et peuvent faire passer les choses avec souplesse et dérision”. La comédie qui dure plus de deux heures regroupe une pléiade de comédiens connus, Madani Meslem, Fouzi Saïchi, Bakhta, Hamid Achouri, Bakhta, Fatiha Nasrine, Mohamed Bessam, Omar Taïri, Mourad Khan, Nesrine Zerrouki, et Harroudi. Le film devrait être projeté rapidement dans toutes les salles du territoire national (Oran, Sétif, Blida, Tizi Ouzou, Annaba, Sidi Bel-Abbès, Tlemcen, Tiaret, Batna, et Béjaïa). Pour l'heure, “Lakhdar contre la bureaucratie” fait ses débuts ce soir à la salle Ibn-Zeydoun et reste jusqu'au 5 octobre, avant de rejoindre la salle l'Algeria du 15 au 21 octobre. DJAZIA SAFTA