Le nouveau président sud-africain Kgalema Motlanthe a salué hier la politique économique de son prédécesseur Thabo Mbeki, la rigueur budgétaire aidant selon lui le pays à résister à la crise financière mondiale. Alors que la politique de M. Mbeki a été critiquée comme n'étant pas assez sociale, M. Motlanthe estime que l'excédent budgétaire épargne à l'Afrique du Sud une poussée de l'inflation et une crise bancaire, dans une interview à l'hebdomadaire Mail and Guardian. “La réalité, c'est que si nous n'avions pas suivi cette politique (de maintien d'un excédent budgétaire), je ne pense pas que nous aurions survécu au choc inflationniste actuel”, estime-t-il. “Cela nous a préservé de subir de plein fouet l'impact de la crise financière et du crédit aux Etats-Unis et dans d'autres parties du monde”, ajoute-t-il. L'Afrique du Sud devrait dégager, selon les prévisions, un excédent budgétaire de 0,4% du PIB pour l'année fiscale actuelle, qui se termine en mars. Cet excédent est critiqué par l'aile gauche du parti au pouvoir, le Congrès national africain (l'ANC), et le principal syndicat, le Cosatu, qui appellent à augmenter les dépenses sociales pour faire face au chômage et à la pauvreté. Les statistiques officielles font état d'un taux de chômage de 23,5%, mais de nombreux économistes l'estiment nettement plus élevé. Ancien syndicaliste, Motlanthe reconnaît qu'il y a urgence sur le front social, mais se veut néanmoins prudent. “Nous sommes tous d'accord qu'il y a encore de grands progrès à faire. Il n'est pas tenable que 12 millions de personnes dépendent des aides sociales ; pour leur propre dignité, il est préférable que les gens exercent un vrai travail”, admet M. Motlanthe. “Il y a matière à débat sur la question de l'excédent budgétaire et la position du Cosatu. Mais il faut savoir si la politique qu'il propose est faisable, nécessaire et fondée”, ajoute-t-il. R. I./Agences