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“Le comportement de l'Algérien devant sa télé est unique”
Brahim SaIl, directeur de l'institut Immar, à Liberté
Publié dans Liberté le 06 - 10 - 2008

Le directeur de l'Institut Immar, auteur de l'étude “Les Algériens et la télévision pendant le Ramadhan 2008”, détaille dans cet entretien la méthodologie employée dans son étude, et commente le comportement particulier du téléspectateur algérien durant le mois sacré. Plus largement, Brahim Saïl revient également sur l'intérêt des sondages et exprime le souhait de les voir se généraliser, pour nous rapprocher d'“une société d'opinion”.
Liberté : Quelle différence existe-t-il entre la méthode que vous avez utilisée et la mesure d'audimat standard utilisée en Europe par exemple ?
Brahim Saïl : La méthode dite audimat est une méthode qui nécessite de très gros moyens techniques. Elle repose sur la constitution d'un panel représentatif, qui est renouvelé régulièrement, et auquel on confie un boîtier avec un bouton-poussoir. À chaque fois qu'ils sont devant la télé, ils acceptent de déclencher leur boîtier relié à leur TV. L'audience d'une émission peut ainsi être mesurée heure après heure, et même minute par minute ! Mais ce dispositif représente un investissement initial très lourd, de l'ordre de 2 millions d'euros, et un million d'euros par an de frais de collecte et mise en forme des données. C'est encore trop cher pour le marché algérien quand on sait que le secteur publicitaire dans notre pays atteint à peine 70 millions d'euros de chiffres d'affaires. Nos principaux clients sont, en effet, les annonceurs et les agences publicitaires, aux côtés des médias, essentiellement la télévision. La méthode que nous avons utilisée (le Day After Recall), où nous interrogeons nous-mêmes des téléspectateurs sur ce qu'ils ont regardé, est parfaitement adaptée à notre marché qui a une demande moins fine que celle que réclament les opérateurs occidentaux.
Votre sondage montre une totale domination de l'ENTV durant le moins de Ramadhan, avec des niveaux d'audience très élevés, de l'ordre de 70%...
Effectivement, c'est un phénomène très particulier, et les principaux acteurs du marché le savent : le comportement de l'Algérien pendant le mois de Ramadhan est unique. D'abord son temps d'écoute est moins long qu'en période ordinaire. Il ne représente que 60 à 70% du temps passé devant la télé en période ordinaire, notamment les hommes.
Mais a contrario, les Algériens sont beaucoup plus nombreux devant leur télévision durant une tranche horaire bien définie, de 18 à 20h, disons. Et c'est ce moment-là où 8 Algériens sur 10 sont devant leur poste que recherchent diffuseurs et annonceurs.
Cette période est également marquée par un net recul des chaînes francophones…
ll Le changement de comportement est en effet assez radical chez certains qui abandonnent carrément leurs habitudes, pour des raisons culturelles, mais aussi pour des raisons d'horaire, le f'tour fixant le rythme de vie durant un mois. Mais ce n'est que transitoire.
… et la montée en puissance des chaînes du groupe MBC ?
Cette montée, particulièrement visible pour MBC, peut être généralisée à l'ensemble des chaînes arabes qui progressent d'année en année. Cela peut s'expliquer de deux manières. D'une part, un glissement sociologique lié à l'arabisation. D'autre part, ces chaînes arabes se sont parfaitement adaptées aux désirs des téléspectateurs. On y retrouve tous les genres qui ont fait le succès des chaînes occidentales : sitcoms, magazines de flux, chansons, jeux, et bien sûr le feuilleton. Le public y trouve donc tout ce qu'il recherche.
Evoquons à présent le carton de l'année 2008, Imarat Hadj Lakhdar 2. Quand on regarde les courbes d'audience, on peut s'interroger sur la part de l'effet horaire sur ce succès. Diffusée dans le meilleur créneau, la sitcom n'était-elle pas condamnée à la réussite ?
ll Il y a, je pense, deux effets conjoints. D'abord, l'émission est effectivement placée au meilleur moment et bénéficie de l'effet d'entraînement de l'adhan. Elle est en plein prime time. Mais notre sondage est formel, c'est le programme “préféré” des Algériens. Les deux effets se multiplient. Si nous avions commencé notre sondage deux semaines plus tard, après la fin de la diffusion du programme, peut-être que les résultats auraient été différents. Mais, dans notre situation, c'est sûr, les deux effets ont joué à plein.
Cette domination sans partage de l'ENTV durant le Ramadhan n'est-elle pas finalement un handicap, en ce sens que la chaîne ne paraît pas s'émouvoir de reperdre une bonne partie de son audience immédiatement après l'Aïd ?
Il faut reconnaître à l'ENTV d'avoir à peu près réussi son pari cette année. Elle a produit des choses qui ont plu. Elle peut et doit désormais faire mieux en dehors de cette période. Mais il faut savoir également que les Algériens regardent plus la télé dans les périodes ordinaires, mais de manière beaucoup plus éclatée. L'audience est donc mieux répartie, en tout cas plus largement, mais plus diffuse, donc plus difficile à capter. Ce qu'il faut noter en parallèle, c'est la progression des chaînes filles, à savoir Canal Algérie et A3, qui grimpent. Mais l'Algérien est aujourd'hui dans un contexte de pluralité. Il s'adapte parfaitement à la diversité des écrans et n'hésite pas à zapper. On ne pourra plus lui faire regarder une seule chaîne, ou même deux. C'est terminé. C'est aux chaînes de s'adapter à lui.
Plus généralement, il existe chez nous une sorte de suspicion autour de tout ce qui est sondage. On s'en méfie, et surtout on se méfie du lien d'argent qui existe entre le client qui commande l'étude et l'institut qui la lui fournit… Comment vous réagissez à ce climat ?
Pour être tout à fait franc, je trouve légitimes les interrogations des Algériens. Comment remédier à cela ? Eh bien, simplement en multipliant, et en croisant les sondages, en en faisant de plus de plus. Il faut dédramatiser, normaliser le sondage, afin d'acquérir cette culture du sondage qui caractérise les sociétés occidentales, qui sont, elles, des sociétés d'opinion.
Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait plusieurs instituts qui travaillent sur les mêmes questions et croiser les résultats. Cette généralisation permettra aux Algériens de se faire leur opinion, et celle-ci comptera, via les sondages, pour les décideurs politiques, économiques ou autres. Et dans ce cadre, si vous me permettez, là je me retourne vers vous, les médias. Les médias ont tort de ne pas se saisir suffisamment de cet outil, comme le font les journaux ou télévisions à l'étranger car un sondage, c'est aussi de l'information, de l'information qui émane du public. La presse a donc un rôle à jouer dans cette généralisation, un rôle primordial dans la construction d'une démocratie d'opinion.
R. A.


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