Rien ne subsiste de cette unité de production qui absorbait une main-d'œuvre importante dans la région et qui était la fierté des autorités locales, lorsqu'elles présentaient cette unité aux délégations, hôtes de la pentapole du M'zab. La plus importante unité de production de Berriane, en l'occurrence celle de production d'accumulateurs de démarrage, appelés communément batteries, fabriqués sous licence Tudor, a été entièrement dévastée par les eaux en furie de l'oued Bassa, qui l'a entièrement recouverte sur une hauteur de 3,50 m du niveau du sol et sur 2 m à l'intérieur des structures construites. Rien n'a résisté au déluge dévastateur, détruisant toutes les infrastructures et tout le matériel de l'entreprise, dont l'investissement, pour les équipements, a été financé par la BEA pour un montant de 80 milliards de centimes, soit l'équivalent de 12 millions de dollars. S'étalant sur un hectare et demi, et composé d'un laboratoire, d'un atelier de fabrication de plaques, d'un atelier de montage de batteries, d'un atelier de contrôle de qualité et de garantie, d'un bloc technique, d'un atelier de charge et d'un bloc administratif, l'unité au plus fort de sa capacité de production et dont la matière première est constituée principalement de plomb et de plastique importés d'Italie et de Turquie, employait 105 travailleurs in situ et 65 autres dans l'unité de recyclage de plomb, éloignée du champ des inondations mais qui, faute de débouchés pour l'écoulement de son produit, va aussi se retrouver à l'arrêt, contraignant ses effectifs au chômage technique pour une durée indéterminée. Ces deux unités complémentaires avaient pour vocation par la conjugaison de plusieurs matières, grâce à un processus de montage spécifique, de faire aboutir la matière première en produits finis et semi-finis, très appréciés sur le marché. Lors de notre visite sur les lieux, nous avons constaté de visu l'ampleur des dégâts colossaux. Le magasin de stock de pièces de rechange, pour une valeur approximative de 35 millions de DA, est complètement saccagé par les eaux et englouti dans la gadoue. À côté, dans un grand hangar, 20 000 batteries semi-finies, encore dégoulinantes d'eau et de boue, sont perdues. Tout autant que 3 clarck de divers tonnages, 1 camion de 3,5 t, 1 véhicule pick-up Toyota, 2 véhicules touristiques, ainsi qu'un groupe électrogène de 630 kva emporté par les flots, un autre groupe électrogène de 80 kva et deux compresseurs de 55 kw, chacun. Même le bloc administratif a été “visité” par les eaux, tous les documents et archives ont été souillés par l'eau et la boue. Les employés tentent d'en sauver quelques-uns en les mettant à sécher au soleil qui a pointé le bout du nez. Tout, ou presque, a été détruit, donc irrécupérable, par le déchaînement des eaux de l'oued Bassa, situé à quelques mètres de l'unité. Toutes les installations qu'elles soient électriques, de gaz et d'air comprimé ont aussi été détruites. Rappelons que l'oued Bassa est le réceptacle naturel de 3 autres oueds situés en amont, qui viennent le grossir en s'y déversant, en l'occurrence l'oued Ballouh, l'oued Soudane et l'oued Zargui. L'unité étant assurée auprès de la Cash, le gérant Baslimane Hamid, nous apprend que son assureur a, dès le lendemain de la catastrophe dépêché une délégation de haut niveau d'Alger pour le constat d'usage ajoutant que par ailleurs “nous avons aussi pris nos dispositions pour faire redémarrer l'unité dans les meilleurs délais en contactant nos partenaires italiens et espagnols, qui se sont engagés à dépêcher des équipes techniques le plus vite possible pour un diagnostic général des équipements”. Refoulant difficilement son amertume vis-à-vis de l'APC de Berriane, dont aucun responsable n'a daigné venir s'enquérir d'une unité qui pourtant verse plus de 65% des recettes fiscales de la commune, il a par contre tenu à “remercier chaleureusement les jeunes et les travailleurs de l'unité qui n'ont ménagé ni leur temps ni leur sueur pour essayer de sauver ce qui peut l'être encore et surtout en aidant à dégager les voies d'accès. C'est, en effet, grâce à cette formidable chaîne de solidarité, ancrée dans les traditions séculaires de notre peuple, qu'une partie, même infime soit-elle, fut sauvée”. “Je tiens aussi tout particulièrement, ajoute Hamid Baslimane, à remercier chaleureusement les éléments de l'Armé nationale populaire qui se sont présentés dans l'urgence et nous ont assistés et surtout apporté un grand réconfort par leur présence à nos côtés”. La wilaya de Ghardaïa n'est pas en reste pour ce jeune manager qui nous déclare “aussi, je n'oublierai pas de remercier M. le wali de la wilaya de Ghardaïa pour avoir dépêché une équipe, le lendemain, pour s'enquérir des dégâts causés par la catastrophe. Que le chef de daïra de Berriane, qui nous a rendu visite et réconforté, trouve ici tous nos remerciements pour ses marques de réconfort et de sympathie.” À propos des besoins immédiats et des aides appropriées pour faire redémarrer l'unité, Hamid Baslimane estime que “l'urgence réside, dans le déblocage diligent d'une aide financière pour réparer le matériel et en acheter d'autres, en remplacement de celui irrécupérable. Il en faudrait aussi, pour reconstruire les parties de l'unité emportées par les flots et réparer les lourdes installations électriques. Ce qui nous permettra de reprendre l'activité à moyen terme. Car il ne faut pas se faire d'illusion, l'unité est partie pour un arrêt d'au moins six mois, ce qui nous obligera, malheureusement, à mettre au chômage technique au moins 80% de notre effectif”, conclura-t-il, l'air triste et un regard absent, vers ce qui était sa fierté, son entreprise. L. Kachemad