“On nous donne aujourd'hui une information nouvelle en nous disant qu'il est question de la création de grandes sociétés publiques pour la promotion et la relance de l'investissement public dans le secteur industriel. Tant mieux ! C'est formidable qu'on nous parle du futur ! Mais il faut bien qu'ils nous disent ce qui est sorti des assises sur la stratégie industrielle et des assises sur les PME et PMI !” C'est par cette interrogation qu'a réagi hier Abdelaziz M'henni, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) par rapport à l'annonce faite jeudi dernier par Hamid Temmar, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements à propos de la création de grands consortiums publics. Usant d'un ton grave, M. M'henni, contacté par téléphone, expliquera qu'il importe d'abord de faire le bilan des actions entreprises dans le passé et “de voir quels sont les résultats auxquels nous sommes parvenus et quels sont les bénéfices tirés des assises sur les PME PMI et de la stratégie industrielle pour ensuite nous parler du futur”. En d'autres termes, le président de la Cipa revendique de “connaître ce que l'on a fait tout d'abord pour les PME PMI, avant d'arriver aux consortiums et grands groupes”. Le président de la Cipa notera avec regret que “tous les jours, des PME PMI meurent”. Pour rappel, Hamid Temmar, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements a annoncé jeudi, au Conseil de la nation (Sénat), que le gouvernement examine la possibilité de création de grandes sociétés publiques pour la promotion et la relance de l'investissement public dans le secteur industriel. Le ministre a précisé que “rien n'empêche la création de sociétés économiques publiques suivant la capacité économique et les avantages qu'offrent nombre de secteurs, et ce, dans un contexte économique”. Le membre du gouvernement Ouyahia n'a pas manqué d'énumérer dans ce cadre les secteurs de l'activité industrielle “profitables pour l'Algérie”, notamment les secteurs de la pétrochimie, l'industrie mécanique et la sidérurgie. L'Etat focalise, notamment sur l'industrie du ciment et les produits pharmaceutiques pour le redéploiement et la structuration du secteur public commercial. Pour assurer le développement de l'appareil industriel national et hisser sa compétitivité, le ministre a indiqué que son département a étudié les plans et programmes appliqués par certains pays en voie de développement ayant des spécificités proches de la structure économique de l'Algérie, notamment la Tunisie, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, le Venezuela et la Turquie. Dans les faits, le département de Temmar veut, à travers son initiative, entreprendre avec les entreprises publiques ce qu'il a ambitionné de faire avec les sociétés privées, il y a une année de cela. “Nos entreprises sont trop petites, l'Algérie s'est trouvée face à un tissu industriel fait de PME, et nous ne disposons pas de grandes entreprises tant publiques que privées”, indique une source proche du ministère de l'Industrie pour expliquer les fondements de la démarche du ministre. “Il faut donc créer quelques championnes”, explique notre source tout en précisant qu'il est question “de relancer les grandes entreprises pour faire vivre les petites”. En somme, “les petites entreprises ne peuvent vivre qu'avec l'existence de grandes entreprises tant publiques que privées”. NADIA MELLAL