Des ministres de la République se croient obligés de verser dans le discours de l'autosatisfaction quant aux bilans de leurs actions sectorielles alors que le travail sur le terrain devrait être leur seul ou principal langage. La clôture des débats sur le projet de loi de finances 2009, dans la nuit de samedi à dimanche, a été, pour le moins que l'on puisse dire, houleuse. L'intervention du ministre des Relations avec le Parlement, M. Mahmoud Khoudri, a provoqué la colère des députés du RCD, qui ont d'ailleurs quitté l'hémicycle en guise de protestation. Le parti de Saïd Sadi parle “de dérive parlementaire d'une extrême gravité”, accusant le président de l'Assemblée populaire nationale de “partialité, en menaçant un député du RCD qui avait demandé de mettre un terme aux accusations de Khoudri”. M. Mahmoud Khoudri, oubliant peut-être sa casquette de ministre de la République, s'est senti obligé de répondre aux différentes interventions des députés du RCD, mettant en garde contre “la violence verbale” qui, a-t-il dit, “est contraire aux principes de la démocratie”. Concernant le projet de loi de finances, le groupe parlementaire du RCD, a souligné que “l'analyse du projet de loi de finances présentée n'apporte pas d'informations en termes de développement mais éclaire considérablement sur les intentions politiques du régime”. M. Saïd Sadi a indiqué que “le projet de loi de finances 2009 ne déroge pas à la règle des annonces sommaires, expéditives et surtout incohérentes qui sont présentées à l'Assemblée depuis maintenant 10 ans”. “Pas une proposition qui relève du développement n'est inscrite dans une mise en perspective qui enchaîne les phases de conception, de programmation, d'exécution, d'évaluation et de finalisation”, a ajouté le président du RCD, critiquant les nouvelles orientations économiques de l'actuel gouvernement, reniant “toutes les postures d'ouvertures affichées pendant les années précédentes”. Le RCD ne croit pas à l'assurance du gouvernement sur les conséquences de la crise financière internationale sur l'Algérie. “Aujourd'hui, un pays dont les recettes en devises dépendent à plus de 98% des hydrocarbures échapperait à un contexte mondial délétère qui a ébranlé toutes les places financières où nous avons placé nos avoirs. On n'est plus dans l'incompétence ou la censure, mais bien dans l'escroquerie institutionnelle, voire la forfaiture”, a estimé Saïd Sadi, annonçant que son parti votera contre le projet de loi de finances 2009, qu'il qualifie “de ce financement inavoué d'une révision de la Constitution”. M. El-Ayachi Daâdioua, chef du groupe parlementaire du Front de libération nationale, a affirmé lui aussi que l'Algérie dont “l'économie est basée essentiellement sur l'exportation des hydrocarbures n'est pas à l'abri de la crise financière internationale”. M. El-Ayachi Daâdioua, qui a indiqué que son parti a introduit un certain nombre d'amendements, au projet de loi de finances, a insisté sur la nécessité de la diversification des revenus du pays à travers le développement de secteurs comme l'agriculture, l'industrie et les petites et moyennes entreprises, “seule” solution d'éviter ou du moins réduire l'impact de la crise financière internationale sur l'économie nationale. M. Miloud Chorfi, chef du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique, a, en revanche, indiqué que les dispositifs prévus dans le cadre de la loi de finances pour l'année 2009, sont à même de prévenir l'économie nationale de la crise financière mondiale. M. Chorfi, exprimant le soutient de son parti à la candidature de M. Abdelaziz Bouteflika pour un troisième mandat a estimé que “le projet de loi de finances 2009, comprend le plus important budget jamais alloué dans l'histoire de l'Algérie indépendante”. “Ce budget permettra de mener à bien le programme du président de la République”, ajoute-t-il. La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, a jugé que les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise financière mondiale sont insuffisantes, mettant en garde contre la privatisation des établissements financiers nationaux à l'image du Crédit populaire algérien (CPA). Mme Louisa Hanoune a indiqué que pour protéger le pays des conséquences de la crise, “il est nécessaire de soutenir les entreprises nationales publiques, encourager la production nationale contre une concurrence déloyale et assurer une autosuffisance alimentaire”. La secrétaire générale du Parti des travailleurs demande une nouvelle fois l'élection d'une assemblée constituante. Le chef de groupe parlementaire du Mouvement pour la société de la paix a souligné la nécessité d'encourager l'implantation en Algérie de banques islamiques. M. Ahmed Issaâd a expliqué que la mise en place d'une économie inspirée des préceptes de l'Islam qui abolit l'usure, est une prévention de l'économie contre toute crise. Le groupe parlementaire du mouvement Nahda s'interroge comment le gouvernement a présenté le projet de loi de finances 2009 pour adoption alors qu'“il tourne le dos à la revendication du Parlement, relative à la présentation de loi portant règlement budgétaire”. Meziane Rabhi