Ils étaient plus de 5 000 Patriotes et membres des GLD à avoir pris les armes au début des années 1990 pour combattre les sanguinaires du GIA, du MIA et de l'AIS. Aujourd'hui, ils sont moins de 1 000 à demeurer en service. Actuellement, la plupart se disent livrés à eux-mêmes. “Au lendemain de l'adoption de la Charte pour la réconciliation nationale, l'Etat nous a retiré les kalachnikovs avec lesquelles on a traqué les terroristes jusque dans leurs casemates”, témoigne un Patriote. Selon nos sources la lutte antiterroriste a coûté la vie à près de 300 Patriotes lors de l'exercice de leur service et plus de 400 blessés, dont certains invalides à vie. Lors des différentes réunions de Patriotes et GLD, organisées à la salle Errich, ils ont à l'unanimité dénoncé leur marginalisation. Si certains n'ont perdu que des biens matériels, d'autres se sont retrouvés infirmes à vie. Beaucoup de Patriotes sont devenus agents de sécurité dans des entreprises étrangères sous l'égide de société de gardiennage. D'autres ont fui leur village après le retrait par l'Etat de leurs armes. C. Moussa fait partie de ceux qui ont réussi à “libérer” Tikjda. Actuellement, il est handicapé à 100%. Il a été blessé dans un accrochage avec les terroristes au mont de Djurdjura. Il se déplace avec des béquilles. “Je suis fier d'avoir combattu pour mon pays. Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas un instant. Pour notre survie, nous avons le sentiment d'être abandonnés par l'Etat que nous avons défendu hier.” Selon les témoignages des Patriotes rencontrés, certains de leurs anciens collègues souffrent d'une situation sociale critique. Beaucoup habitent dans des garages par manque de moyen financier leur permettant de louer un appartement décent. A. DEBBACHE