Le Premier Ministre britannique, Gordon Brown, très accaparé par la crise financière, a retiré son projet de loi antiterroriste visant à étendre de vingt-huit à quarante-deux jours la durée maximale de garde à vue des personnes soupçonnées de terrorisme. Ce projet a suscité des controverses en Grand-Bretagne pour ses mesures jugées trop liberticides, malgré les menaces terroristes qui pèsent sur le pays. Il a été rejeté à une large majorité par la Chambre des lords (309 lords ont voté contre et 118 pour). Le texte, auquel se sont largement opposés les conservateurs, avait été adopté de justesse en juin dernier par la Chambre des communes (neuf députés avaient fait la différence alors que le Labour disposait d'une majorité de 65 voix à la Chambre basse). Cette loi est dans l'air depuis 2005, lorsque Tony Blair, quand il était Premier Ministre, avait essayé de la faire passer. Il avait échoué et, pourtant, son projet avait été mis au point peu après les attentats terroristes de juillet 2005 qui avaient fait 56 morts à Londres. Tony Blair voulait porter à quatre-vingt-dix jours la durée maximale de détention provisoire. Les conservateurs s'y étaient opposés et Gordon Brown pensait s'en sortir en divisant pas deux la période de détention proposée par Tony Blair. Rien à faire, on ne joue pas avec les fondamentaux juridiques en Grande-Bretagne. “Nous sommes tout à fait prêts à être fermes sur le sujet du terrorisme et à soutenir des projets de loi difficiles. Mais encore faut-il qu'ils soient crédibles, et que leur utilité soit prouvée”, a commenté Dominic Grieve, le ministre de l'Intérieur du cabinet fantôme du conservateur David Cameron. Lord Geoffrey Dear, un ancien inspecteur en chef de la police, a relevé, pendant le débat à la Chambre des lords, qu'il n'y a aucune preuve jusqu'à présent que la limite actuelle de vingt-huit jours soit insuffisante. “Cette tentative de paraître intransigeant face au terrorisme est une parodie mesquine qui n'est pas digne d'un processus démocratique”, a-t-il lancé. La ministre de l'Intérieur de Gordon Brown a annoncé qu'elle prépare un nouveau projet de loi pour permettre à la police et au parquet de faire leur travail si le pire venait à se produire, si un complot terroriste frappait la Grande-Bretagne. Ce nouveau texte, qui prévoit une extension à quarante-deux jours du délai de garde à vue pour les suspects de terrorisme, serait proposé au Parlement uniquement si le besoin s'en faisait ressentir et ne serait destiné à rester en vigueur que soixante jours. Pour y recourir, la police devrait encore obtenir le feu vert d'un tribunal, a ajouté la ministre. D. B.