La période de la mise en garde à vue sans inculpation des suspects est passée de 28 à 42 jours. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a remporté, mercredi dernier, une bataille parlementaire incertaine, à un moment où sa cote de popularité atteint le niveau le plus bas. L'enjeu consistait à arracher le consentement des membres de la Chambre des communes sur l'amendement d'une loi très importante dans le dispositif antiterroriste mis en place après les attentats du 7 juillet 2005 dans les transports londoniens. La modification, sujette à controverse, porte sur la révision à la hausse de la durée de la garde à vue sans inculpation d'individus suspectés d'implication dans des activités subversives. Cette période va passer de 28 à 42 jours pour les personnes présentant “une menace exceptionnelle et très grave”. La divulgation du projet de loi en automne dernier avait suscité une condamnation immédiate des conservateurs, qui avaient annoncé leur intention d'empêcher son entrée en vigueur. Selon eux, le prolongement du délai de la mise en garde à vue de personnes ne faisant encore l'objet d'aucune charge est injustifié. David Davis, député de la formation de David Cameron, a exprimé son mécontentement à l'issue du vote, en démissionnant. à ses yeux, l'amendement est de nature à porter atteinte aux libertés individuelles. Au sein du parti travailliste, quelques voix se sont élevées pour prévenir les autorités contre une plus grande stigmatisation des musulmans. Dans l'opinion, les avis sont plutôt partagés. Si une partie des Britanniques est réfractaire, l'autre partie estime cette mesure salutaire. Des parents de victimes des attaques de 2007 ont particulièrement salué la décision du gouvernement, considérant qu'il ne faut prendre aucun risque dans la lutte contre le terrorisme. Le remake manqué des attentats contre l'aéroport de Glasgow en Ecosse et à Londres l'été dernier a poussé le gouvernement à redoubler de vigilance. Dans une récente sortie médiatique, la ministre de l'Intérieur, Jacquie Smith, a révélé que la menace terroriste n'est pas encore écartée. Il y a quelques semaines, un jeune Britannique converti à l'islam a tenté de faire exploser une bombe à l'intérieur d'un café, dans la capitale britannique. Quelques jours auparavant, Scotland Yard et les éléments des services spéciaux ont procédé à l'arrestation d'un autre individu. La fouille de son domicile les a conduits à la découverte de documents subversifs. L'hiver dernier, une cellule terroriste avait été démantelée à Manchester. Régulièrement, les journaux d'information télévisés sont dédiés à la couverture de procès de terrorisme. Le dernier en date implique de jeunes musulmans accusés d'avoir voulu rééditer sur les lignes transatlantiques les attaques du 11 septembre 2001. Selon les services de renseignements, des milliers de terroristes potentiels sont disséminés outre-Manche. Réputée comme étant la capitale la plus surveillée au monde, Londres est doté de caméras supplémentaires. Le système de télésurveillance vient d'être élargi à d'autres villes. Par ailleurs, un dispositif de protection des édifices stratégiques et de tous les moyens de transport est appliqué.