Le renouveau de l'économie agricole et le secteur alimentaire ont été au centre d'une importante rencontre organisée hier, à l'hôtel Hilton, à l'initiative du Forum des chefs d'entreprise (FCE) et de Filaha. Placée sous le patronage du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, cette rencontre qui a vu la participation de plusieurs acteurs du domaine à l'image de Benini, directeur d'Algex, et de Ferroukhi du ministère de l'Agriculture a été une opportunité de débattre de l'avenir de l'agroalimentaire et de l'agriculture en Algérie. Posant les termes du débat, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, qui a ouvert les travaux de la rencontre, a expliqué toute la disponibilité de son département à accompagner “l'ensemble des acteurs intervenant dans le secteur de l'agroalimentaire et d'établir la jonction entre les agriculteurs et les industriels”. À ce propos, il indiquera que “quand je regarde les forces en présence sur le terrain, je vois des acteurs qui se tournent le dos”, tout en notant qu'“il est normal que les investisseurs veuillent améliorer leur situation, mais on ne peut pas voir les entreprises agroalimentaires tourner le dos à la production nationale”. En tant que pouvoirs publics, “nous voulons recréer le regard entre producteurs et investisseurs pour un meilleur avenir de la production nationale”, note-t-il encore. Le propos du ministre est intimement en rapport avec l'actuelle crise financière mondiale et l'impératif de se mettre à l'abri de la crise alimentaire : “Attention ! la crise financière mondiale n'est qu'une alerte”, avertit-il. Réda Hamiani, le président du Forum des chefs d'entreprise qui reconnaîtra “la disponibilité des pouvoirs publiques à accompagner les acteurs au niveau de l'agroalimentaire”, regrettera cependant le recours facile des industriels à l'importation. “Le constat qui est fait est que ceux qui sont dans l'agroalimentaires ont recours facilement à l'importation de la matière première qui peut exister au niveau local. Ces industriels qui, pour fabriquer le yaourt, la purée de la pomme de terre et le concentré de tomates, ont tendance à la facilité en allant importer les matières premières de l'étranger, alors que ce sont des produits disponibles chez nous.” “Les acteurs de l'agroalimentaire sont déconnectés de l'agriculture”, lance-t-il avant de déplorer dans le même ordre d'idées que “nos besoins dans l'agroalimentaire soient couverts par les importations”. De son côté, le Dr Mohand Nouad, membre de Filaha Innove, expliquera qu'“aujourd'hui, l'autoconsommation ne constitue plus qu'une part marginale de la production agricole, alors que moins de 5% d'agriculteurs peuvent nourrir l'ensemble de la population du pays, et dégager d'importants excédents pour l'exportation, cas des Etats-Unis”. NADIA MELLAL Bouali