À l'instar des grandes agglomérations du pays, la ville de Mascara enregistre avec acuité le problème du logement, et le nombre effarant de plus de 10 000 demandes non encore satisfaites en est la parfaite illustration d'une situation qui perdure. Certes, force est de reconnaître que des efforts considérables ont été consentis en ce sens et qui ont débouché sur la réalisation de plusieurs milliers de logements, tous programmes confondus, mais qui se sont avérés insuffisants pour éponger le déficit qu'accuse la capitale de l'Emir. Cet épineux problème est devenu la hantise des sinistrés, des recasés, des mal-logés et de tous ceux qui sont à l'étroit et qui rêvent de vivre dans un logement décent et spacieux. Vécue différemment par la population urbaine, cette situation tant décriée a été rendue complexe au cours de la dernière décennie, notamment avec le phénomène de l'exode rural massif dicté sous la pression du terrorisme. Des hameaux ont été abandonnés et leurs occupants ont trouvé refuge dans les cités urbaines. Ainsi, la ville de Mascara s'est retrouvée surpeuplée à cause des nouveaux résidents recasés par leurs proches, eux-mêmes mal logés. Dans les années 1980, les autorités locales avaient mis à la disposition des victimes des centres de transit et de recasement, une situation censée être provisoire mais qui a duré dans le temps car on assistait à des mouvements interminables de recasés qui remplaçaient ceux ayant bénéficié de nouveaux logements. Ce n'est qu'à partir de 2000 que l'administration avait décidé de procéder à la destruction de ces centres, une fois leurs occupants relogés. Ainsi, tous les nouveaux logements construits étaient réservés à ces personnes. Une fois ces opérations achevées, apparaissait une autre catégorie de citoyens, ceux qui occupaient des immeubles menaçant ruine. Face à une situation de fait, l'administration a décidé d'appliquer le même système, celui de reloger les familles et de raser les bâtisses, mais les agents chargés de l'exécution de ces opérations se sont heurtés à des problèmes liés à l'éclatement des familles, à la réticence des locataires à vouloir quitter les lieux évoquant des prétextes divers et au refus des propriétaires de démolir leurs biens, même ceux dont les bâtisses étaient effondrées partiellement. Mais, entre-temps, ce sont d'autres sinistrés, recasés et mal-logés, qui se sont manifestés et recensés comme tels qui vont certainement bénéficier des nouveaux logements une fois achevés et livrés à l'administration. Ces pratiques ont pour effet de décourager les citoyens de la classe moyenne, car, à ce rythme, leur rêve ne sera jamais exaucé. Pourtant, le parc immobilier de la ville de Mascara ne cesse de grossir d'année en année, mais, en parallèle, le nombre de postulants est en constante hausse. A. BENMECHTA