Dans le but de contrer le vaste mouvement associatif de soutien au peuple sahraoui en Espagne, Rabat a procédé à la décoration d'un certain nombre de personnalités politiques, culturelles et espagnoles pour s'assurer de leur sympathie et leur soutien contre la cause sahraouie, dans le cadre d'un puissant lobby, comme c'est le cas en France. Inquiet de l'importance de l'activité des associations espagnoles de soutien au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, le Makhzen a lancé son opération de charme en direction des classes politique et culturelle ibériques, à travers l'octroi de décorations royales à des politiciens, des hommes de lettres et de culture de ce pays. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu'il s'agit là d'une réaction pour contrecarrer la popularité de la cause sahraouie en Espagne, qui est au centre de nombreuses manifestations en sa faveur dans la majeure partie des régions. Pour atteindre cet objectif, le monarque alaouite a offert des distinctions royales à des personnalités espagnoles bien déterminées, triées sur le volet, pour en faire des alliés dans le conflit du Sahara Occidental. La remise des distinctions, des “Wissam” royaux, s'est déroulée récemment à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Madrid, Omar Azziman. Au total, ce sont dix personnalités qui ont été distinguées. Il s'agit de Gustavo de Aristegui, actuel porte-parole du groupe parlementaire du Parti populaire et Antonio Garrigues, président du Centre international de Tolède pour la Paix (CITpax), pour leurs efforts visant à renforcer l'amitié entre le Maroc et l'Espagne. A signaler que ces deux personnalités, qui étaient en voyage, n'ont pas assisté à la cérémonie. Figurent dans le lot également : José Monleon, directeur de l'Institut international du Théâtre méditerranéen, Maria Dolores Lopez Enamorado, actuelle directrice de l'Institut Cervantès de Marrakech, Gonzalo Fernandez Parilla, l'un des fondateurs de l'Ecole des traducteurs de Tolède, et Lorenzo Manuel Silva Amador. À signaler aussi, la décoration de l'ancien directeur général de Medi Telecom (2000-2004) et actuel coordinateur du Comité Averroes, Ramon Enciso, du président de la plate-forme euro-méditerranéenne espagnole, Carlos Bruquetas, d'Enrique Cascallana, maire socialiste d'Alcorcon, une localité au sud de Madrid où vivent plus de 4 000 Marocains, a reçu une distinction royale pour ses efforts visant à faciliter l'intégration de la communauté marocaine à travers des programmes culturels et éducatifs, et de l'acteur Imanol Arias. Même s'il y a lieu de relever la diversité des domaines dans lesquels exercent ces personnalités, il ne fait aucun doute que l'opération a pour but de rallier le maximum d'alliés aux thèses marocaines sur le Sahara Occidental, qui ne bénéficie que de très peu de sympathie dans les milieux politiques et culturels espagnols. Ceci étant, cette cérémonie de décoration n'est pas la première du genre. En effet, l'année dernière avait vu le Makhzen opérer de la même manière, sans que cela ne fasse grand bruit. Mais, pour cette fois, c'est le choix des personnalités distinguées, notamment Gustavo de Aristegui, du parti populaire, connu pour son discours ambivalent, qui a soulevé des interrogations, particulièrement au Maroc. De toutes les manières, la monarchie marocaine ne s'embarrasse de rien, quand il s'agit de trouver des soutiens à ses thèses expansionnistes au Sahara Occidental. Merzak T.