L'année 2005 sera celle des négociations et du dialogue entre le Maroc et la RASD, les deux seules parties en conflit dans le dossier du Sahara-Occidental. Elle sera une avancée et un grand pas vers le chemin de la paix. » Ainsi s'est ouverte sur un ton optimiste employé par Pierre Galland, président du Comité européen de soutien au peuple sahraoui (CESPS), la conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui organisée à Saragosse (Espagne) du 26 au 28 novembre par le CESPS. Bon nombre des 600 participants venus des cinq continents et réunis au Palais des congrès l'ont interprétée comme étant un engagement public de l'Espagne. Ainsi, cent vingt ans après avoir colonisé le Sahara-Occidental et trente ans après l'avoir quitté sans un seul regard pour le peuple sahraoui, l'Espagne s'est rappelée de ce territoire de 267 000 km2. Du 26 au 28 novembre, elle en a parlé dans le cadre de cette conférence. Dès le 1er juin, des personnalités politiques, associations humanitaires, comité de soutien et autres venus de partout s'étaient exprimés sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Selon plusieurs intervenants, l'implacable engrenage dans lequel le royaume chérifien avait tenté d'attirer la communauté internationale pour bloquer toute solution de paix dans cette partie du monde qu'est le Sahara-Occidental a éclaté en mille morceaux. Tout le monde était unanime pour affirmer que seul un référendum d'autodétermination réglera définitivement le problème. En présence d'un nombre impressionnant de journalistes et de caméras de télévisions européennes, les participants ont condamné cette logique. Ils ont parallèlement fustigé la position du roi Mohammed VI et de ses courtisans et ont réaffirmé leur volonté d'œuvrer pour que le plan Baker soit immédiatement mis en application. Les intervenants ont également estimé que ce plan est une base de travail incontournable car adopté par cette même communauté internationale. Son importance a été, du reste, mise en relief pour l'expression d'un sentiment unanime de sympathie et de soutien à la RASD et à son peuple. Dans la grande salle du Palais des congrès de Saragosse, troisième ville d'Espagne, beaucoup de participants n'avaient cessé de souligner publiquement ou en aparté la nécessité plus que jamais d'adopter vis-à-vis du Maroc la manière ferme car, ont-ils précisé, « le temps presse et qu'il importe peu que la structure onusienne habille d'un gant de velours sa main de fer ». « Le retour aux sources premières du conflit du Sahara et l'adaptation de la lutte pour l'indépendance par le Polisario à l'intransigeance du roi du Maroc seraient très dangereux pour la région et pour l'humanité », ont-ils ajouté. C'est pourquoi ils ont estimé indispensables la mobilisation et le renforcement du soutien de la communauté internationale au peuple sahraoui en lutte pour l'indépendance de son pays. Ce sont les mêmes préoccupations et menaces qui pèsent sur toute la région qui ont été reprises par Mohamed Abdelaziz, président de la RASD, dans son discours lors de la première journée de la conférence. Après avoir rendu hommage au mouvement associatif, à la société civile espagnole, à la communauté internationale entière et la Task Force (force de frappe) du Comité européen de soutien au peuple sahraoui pour leur appui et soutien à la cause sahraouie, Mohamed Abdelaziz estime : « Je rends un vibrant hommage à l'Algérie qui nous a ouvert son cœur, ses bras et son territoire. Si elle nous soutient, ce n'est pas qu'elle est l'ennemi du Maroc ou pour des intérêts occultes. Elle soutient une cause, celle qui permettra à notre pays de recouvrer ses droits légitimes, d'exercer son droit à l'autodétermination et de conclure le processus de décolonisation dans le cadre de la légalité internationale, des résolutions de l'ONU et du plan Baker. »