Le président afghan Hamid Karzaï a reconnu, hier, l'échec de son gouvernement et de la communauté internationale à ramener la sécurité en Afghanistan, où “la situation s'est détériorée”. Depuis la chute des talibans fin 2001, “nous avons obtenu des succès importants”, a estimé le président afghan, qui s'exprimait devant plusieurs centaines de femmes venues de tout le pays. “Mais la sécurité était l'une des demandes les plus importantes de la nation et nous n'avons pas été capables de la lui apporter. La situation s'est même détériorée”, a affirmé Hamid Karzaï. “Nos routes ne sont pas sûres, il n'est pas possible de se rendre en voiture à Kandahar, à Herat”, a-t-il poursuivi, en citant les principales villes du sud et de l'ouest de l'Afghanistan. “On ne peut même pas conduire de Kaboul jusqu'en Paktia”, une province située à une centaine de kilomètres au sud de la capitale, a souligné Hamid Karzaï. Après la chute des talibans, “la vie était agréable, mais maintenant ce n'est plus le cas. Nous sommes enfoncés dans la douleur et la pauvreté”, a-t-il poursuivi. Dévasté par 30 ans de guerre civile et d'invasion étrangère, l'Afghanistan est le cinquième pays le plus pauvre au monde, avec un taux de chômage de près de 30% et une espérance de vie de 43 ans. Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis. Hamid Karzaï avait alors été installé au pouvoir, avant de voir sa légitimité confortée par une élection présidentielle en 2004. Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70 000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom). R. I./Agences