Les chefs de la diplomatie des 27 pays de l'Union européenne et des Etats riverains de la Méditerranée s'attelleront aujourd'hui et demain à Marseille à trouver une plate-forme acceptable par toutes les parties concernées pour concrétiser l'Union pour la Méditerranée, en butte à de nombreuses divergences. Outre les profonds différends israélo-arabes, notamment le statut de la Ligue arabe, qui dérange l'Etat hébreu, l'attribution du secrétariat général et la désignation du siège de cette instance posent problème, car aux dernières nouvelles, la Tunisie a retiré sa candidature. C'est dire que cette réunion des ministres des Affaires étrangères des 43 partenaires euro-méditerranéens s'annonce complexe et qu'il sera très difficile d'aplanir toutes les divergences pour mettre sur les rails l'Union pour la Méditerranée. La difficulté de cette rencontre réside dans le fait que les réunions censées préparer la réunion de Marseille, ainsi que la première réunion ministérielle du 29 octobre, consacrée à la question de l'accès à l'eau, ont dû être annulées. Pour rappel, le sommet de Paris du 13 juillet dernier qui avait donné naissance à l'UPM avait renvoyé à cette réunion des ministres des Affaires étrangères toutes les questions de “gouvernance”: localisation, composition et pouvoirs du secrétariat général, chargé de gérer les projets concrets et de lever des fonds. Depuis, rien n'a été fait pour que le dossier avance. Pis, pour l'Union européenne, le projet n'existe même pas, si l'on se réfère à son budget, qui n'en fait pas cas. Si la Tunisie, pourtant soutenue par la présidence française, a retiré vendredi sa candidature d'abriter le siège du secrétariat général, l'Espagne par la voix de son chef de la diplomatie Miguel Angel Moratinos a présenté la candidature de Barcelone, “ville à la vocation méditerranéenne indubitable”, où a été lancé en 1995 le processus du même nom, destiné à renforcer les relations euroméditerranéennes. La Valette, capitale de Malte, est aussi sur les rangs. En dépit de ces candidatures, la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner a affirmé vendredi : “Le secrétariat n'est certainement pas une question facile. Il y a quelques candidats. Nous espérons trouver une solution”. En effet, alors que l'Union pour la Méditerranée, adossée sur ce processus de Barcelone, se veut un partenariat plus équilibré entre le nord et le sud, certains pays du sud insistent pour un secrétariat sur leur rive. Par ailleurs, Israël et les pays arabes n'ont pas trouvé de consensus sur un nom. Ce point sera à l'ordre du jour des ministres, particulièrement la différence d'interprétation entre Israéliens et Arabes sur le statut d'observateur octroyé à la Ligue arabe lors du lancement de l'Union. Il sera difficile de s'entendre sur la déclaration politique que les 43 pays doivent adopter, et en particulier la partie relative au processus de paix israélo-palestinien. Traditionnellement, la Ligue arabe participe aux réunions des ministres des Affaires étrangères euro-méditerranéens, mais désormais elle et les pays arabes en veulent plus, au grand dam des Israéliens. Quant au siège, l'Egypte, qui a déjà la co-présidence de l'Union pour deux ans, et la Jordanie ont exprimé cette semaine leur intérêt pour l'accueillir. Merzak T.