C'est aux abords du village de Baraki, qu'a choisi le sieur Essor pour établir son bivouac. Dans son baluchon qu'il peine à porter sur son épaule au moyen de son bâton de pèlerin, il y a un grain de progrès qu'il prévoit bien d'ensemencer pour faire le bonheur des habitants du bourg de Haouch El Mihoub. Et du progrès, il y en a en réalité juste une toute petite motte de goudron, histoire d'y familiariser les habitants du hameau d'avec l'asphalte des gens de la grande ville. Seulement, pour pouvoir battre un jour le pavé sur la piste des pas perdus, ils devront patienter un peu. Soit 90 jours ! C'est le délai requis à l'artisan du village pour dérouler le tapis de macadam. Certes, c'est si peu de chose comparé aux desiderata de ces exclus de l'élan social vers le bien-être, mais c'est toujours bon à prendre. Mais, qu'à cela ne tienne, le mécène que personne n'attendait pas de sitôt, va y apporter aussi une note de gaîté à l'entrée du village de Baraki où il ne fait pas bon déambuler, ni de prendre un bol d'air vicié. Pour l'exemple, il y a l'inquiétant passage de vaporeux nuages de poussière qu'inhale à satiété le promeneur. Enfin et pour tout le monde, ce sera l'olive sur la galette si le visiteur philanthrope réussit à venir à bout de l'image du paysage lunaire et de l'itinéraire chaotique du site. Bien sûr qu'il aurait aimé prolonger son séjour dans ce hameau qui a tout l'air d'un bled de l'arrière-pays où tout manque, mais c'était tout ce qu'il avait dans sa hotte, le bougre ! N. D.