L'économiste Abdelhak Lamiri constate un décalage entre le discours et la pratique en matière de gestion des ressources humaines. Le premier Forum international de la ressource humaine, organisé à l'initiative de Buzzcommunication, a été ouvert hier à l'hôtel Mercure d'Alger. Placé sous le haut patronage du ministre du Travail et de l'Action sociale, Tayeb Louh, ce forum a drainé des participants de divers horizons : des chefs d'entreprise, des consultants ainsi que des enseignants dans des instituts de management à l'image de l'Insim. Le ministre du Travail, qui a ouvert les travaux du forum, a d'entrée situé les débats : “Aujourd'hui, la société moderne est une société fondée sur la connaissance et le savoir et c'est à ce titre que la valorisation des ressources humaines prend toute son importance jusqu'à devenir une exigence et une condition incontournable pour une intégration réussie dans un monde en mutation rapide dans tous les domaines.” Le ministre, qui notera qu'en Algérie le constat est qu'il y a une inadéquation des profils enseignés avec les besoins des entreprises chargées de la réalisation des projets, notera que cette situation s'est traduite “particulièrement dans le secteur du BTPH par le recours à la main-d'œuvre étrangère, pour certaines qualifications déficitaires sur le marché du travail local, notamment sur des postes d'encadrement ou de haute technicité”. Interrogé en marge de la rencontre, le ministre qui expliquera que le déficit en main-d'œuvre qualifiée “est générale”, notera qu'on “continuera à faire appel à la main-d'œuvre étrangère à chaque fois qu'il y a besoin en la matière”. Dans ce cadre, le membre du gouvernement Ouyahia préconisera que les “établissements de formation, notamment ceux de la formation professionnelle soient en relation étroite et constante avec le monde du travail afin d'adapter en temps voulu les programmes et les outils de formation aux exigences du marché”. Selon le ministre, la nouvelle politique de l'emploi du gouvernement prend en charge cette préoccupation en mettant en œuvre des mesures incitatives : il s'agit de l'appui à l'investissement dans le secteur économique, promotion de la formation qualifiante, la promotion d'une politique incitative en direction des entreprises, la promotion de l'emploi des jeunes, la réforme et la modernisation de la gestion du service public de l'emploi l'Anem, l'introduction de mécanismes de suivi et d'évaluations. Aussi, la démarche du gouvernement, s'agissant de la promotion de la formation qualifiante en vue de faciliter l'insertion dans le marché du travail, se décline à travers une multitude de mesures dont l'exonération des cotisations de la Sécurité sociale pendant trois mois. Dans le même ordre d'idées, il a été question de la création du contrat de travail aidé (CTA). Ce contrat prolonge l'accompagnement des entreprises au-delà du contrat d'insertion. Sur ce chapitre, le ministre notera que s'agissant des diplômés insérés en CID, le CTA est prévu pour trois années consécutives, avec une contribution mensuelle du budget de l'Etat dégressive : 12 300 DA à 10 000 DA et 7 800 DA pour les universitaires. 10 200 DA, 8 200 DA et 6 100 DA pour les techniciens supérieurs. Pour les contrats CIP, la contribution mensuelle dégressive est fixée pour deux années : 8 000 DA et 6 000 DA. Pour les contrats de CFI, la contribution est seulement pour une année : elle est fixée à 6 000 DA par mois. Le Dr Abdelhak Lamiri, P-DG de l'Insim, qui interviendra sur la mise à niveau de la GRH au niveau des PME algériennes, expliquera qu'en Algérie, il y a un grand décalage entre ce qui se dit et ce qui se fait dans la pratique. “En Algérie, il y a une adhésion théorique très forte à la gestion des ressources où individuellement les gens vous diront que les ressources humaines sont la plus grande richesse de l'entreprise, mais dans la prise de décision, on ne prend pas en compte cette ressource humaine !” En Algérie, “peu d'entreprises intègrent la GRH dans leur vision stratégique”, expliquera Lamiri tout en s'appuyant sur des chiffres. “Il n'y a que 10% des PME qui ont intégré la GRH dans leur gestion, 30% d'entre elles veulent bien le faire, mais elles en sont loin et le reste des PME est dans l'expectative.” Et pourtant, la GRH est le facteur de succès “numéro un et personne ne vous dira le contraire”, note l'orateur appelant à l'impératif d'intégrer la GRH dans la stratégie pour rendre nos entreprises compétitives. NADIA MELLAL B.