Dans une orchestration médiatique grossière, l'ENTV met comme d'habitude le paquet. Il n'y a pas de place pour une quelconque voix discordante… Une semaine aura finalement suffi au président de la République pour “plier” le projet de révision de la Constitution. Bouteflika, depuis son intronisation à la tête de l'Etat en 1999, n'avait jamais caché son aversion pour la constitution de 1996 pour laquelle il n'avait cessé de prêter un certains nombre de défauts qui, d'après lui, mettent à mal le fonctionnement et la gestion des affaires du pays. Cela n'est donc pas nouveau dans le paysage politique national. Mais, si cette fois-ci le président de la République a décidé de faire l'économie d'un référendum trop risqué, notamment sur le plan politique, le passage du projet au parlement et non par voie de référendum populaire entame quelque peu la crédibilité d'une telle opération. Certes, cette option de faire adopter les amendements proposés par les députés reste une disposition prévue par l'actuelle constitution, mais elle aurait gagné en crédibilité si la population était conviée à donner son avis. Fut-ce pour la forme. Il est, cependant, évident que l'adoption du projet par le Parlement passera, selon la formule consacrée, comme une lettre à la poste. L'on ne peut donc que s'interroger sur cette mobilisation tous azimuts de tout ce qui existe autour du système. Partis de la coalition, organisations de masse, mouvements associatifs acquis aux thèses du pouvoir… et les médias officiels, notamment la radio et la télévision, sont là pour relayer, de manière très maladroite, un discours qui, selon toute vraisemblance, a très peu de chances de passer au niveau de l'opinion. Et dans cette orchestration médiatique grossière, l'ENTV met, comme d'habitude, le paquet. Le débat est, à l'évidence, à sens unique. Il n'y a pas de place pour une quelconque voix discordante. Devenu un véritable instrument de propagande, la télévision nationale n'a pas le droit de décevoir. Le JT, censé être le must de l'actualité dans le pays et dans le monde, est devenu une tribune pour ressasser des arguties qui ne tiennent clairement pas la route sans se soucier de ce que penseraient les téléspectateurs que l'on prend décidément pour des ineptes. Au lieu donc d'organiser le débat pour permettre aux différentes opinions de s'exprimer et à chacun d'avancer ses arguments, on a préféré fermer la porte à cet échange de points de vue qui constitue pourtant le “Smig” de la démocratie. Pourtant, les animateurs de l'Unique et les “personnalités” invitées à se prononcer sur le thème phare du jour ne cessaient de marteler que les amendements constitutionnels proposés ne visent qu'à renforcer la démocratie. “Mais quelle démocratie ?” seront tentés de s'interroger les téléspectateurs qui suivent impuissants le défilé de “Douctours” et de “Oustadhs” qui s'époumonent à vouloir convaincre du bien-fondé d'une démarche dont ils ne sont, eux-mêmes, visiblement pas convaincus. On crie à celui qui veuille bien les entendre que la levée de la limitation des mandats présidentiels est une avancée pour la démocratie en Algérie. On fait donc feu de tout bois pour “chauffer le bendir”, comme le dit si bien la sagesse populaire bien de chez nous. On fait appel à un discours où se mêlent populisme, démagogie, manipulation et médiocrité. Le problème est que les “acteurs” chargés de faire la promotion sont loin d'être à la hauteur de cette “importante mission” qui recommande tout de même un amateurisme moins flagrant que celui qui se déroule devant nos yeux. Bien évidemment, il faut être dupe pour croire à une probable évolution du système à ce niveau-là. Sur un plan plus général, la préparation du grand cérémonial de mercredi a donné lieu à une multitude de comportements qui renseignent sur l'état d'esprit de nos gouvernants décidés à réussir cet “examen de passage” sans trop d'encombre. L'on apprend, à ce propos, que toutes les missions des élus nationaux, sur le territoire national et à l'étranger, ont été, soit annulées, soit reportées. Ainsi, afin d'éviter toute mauvaise surprise en rapport avec le taux de participation au vote et le taux de “oui” qui va en découler, les députés, fraîchement “revalorisés”, ont été priés de bien se préparer pour le rendez-vous. Hamid Saïdani