Le Parti des travailleurs, dirigé par Louisa Hanoune, a perdu plus que la moitié de ses députés, qui ont déserté les rangs du groupe parlementaire du parti pour rejoindre d'autres formations politiques. La raison majeure de la dissidence : l'appropriation par le parti des indemnités des parlementaires. Avant les élections législatives du 29 mai 2007, Louisa Hanoune a fait signer aux candidats sur les listes électorales des engagements dans lesquels ils autorisent la direction du parti à disposer librement de leurs salaires une fois élus députés. Après l'installation de la nouvelle législature sous la présidence d'Abdelaziz Ziari, Louisa Hanoune, elle-même élue à l'Assemblée nationale pour un troisième mandat, a réussi à normaliser, auprès de l'administration de l'institution, le versement des salaires de ses 26 députés sur le compte bancaire du parti, en présentant des documents comme preuve. La direction du Parti des travailleurs remettait alors 50 000 dinars à chacun des députés et gardait pour le parti le reste de l'indemnité, c'est-à-dire 100 000 dinars pour chaque parlementaire. Après la mise en application de l'ordonnance présidentielle (adoptée en septembre dernier) portant revalorisation des indemnités des parlementaires à hauteur d'environ 300 000 dinars, la présidente du Parti des travailleurs n'a consenti à augmenter les parlementaires de sa formation que de 10 000 dinars, ramenant leur salaire à 60 000 dinars. Les 240 000 dinars restant sur l'indemnité de chaque député sont laissés dans la cagnotte du parti. Les parlementaires du Parti des travailleurs n'ont pas eu droit, non plus, de prendre le rappel de neuf mois de salaire, l'augmentation décidée par le président de la République étant effective depuis le 1er janvier 2008. Ils ont perdu, ainsi plus de 1 million de dinars. Cette mainmise du parti sur les indemnités des parlementaires a incité bon nombre d'entre eux à prendre le chemin de la dissidence. Selon des informations recoupées auprès de plusieurs députés, pas moins de 15 élus sur les listes électorales du Parti des travailleurs ont remis au président de l'APN des documents attestant de leur changement de couleur politique (ils ont rejoint le RND, le FLN et le groupe des indépendants). Ils ont signifié à l'administration de l'institution qu'elle devrait, désormais, verser leurs salaires sur leurs comptes bancaires personnels. À la lumière de ces données, le parti de Louisa Hanoune ne dispose plus que d'une dizaine de députés. Il risque, au rythme des défections, de perdre le groupe parlementaire car ne remplissant plus le critère du nombre, soit 10 députés au minimum. À noter que lors de la précédente législature, le Parti des travailleurs a connu le même problème pour les mêmes raisons. Louisa Hanoune a alors introduit un amendement aux textes régissant le fonctionnement du Parlement, pour révoquer carrément le mandat du parlementaire qui fait dissidence au parti au nom duquel il a été élu. Son amendement n'a toutefois pas été pris en compte. Souhila H.