Cet état, transmis cinq jours après le séisme à la direction des assurances au ministère des finances, n'est malheureusement que préliminaire. Plus de 398 sinistres ont été déjà déclarés aux sociétés d'assurances, suite au séisme du 21 mai 2003. C'est ce qui ressort d'un état préliminaire adressé, quatre à cinq jours après le séisme, par les compagnies d'assurances à la direction des assurances au ministère des finances. Ces déclarations émanent principalement des entreprises, soit 306 déclarations (152 du secteur privé et 154 du secteur public). Le nombre de particuliers déclarés sinistrés est estimé pour l'instant à 92. Le bilan n'est pas encore définitif. Il faudra attendre plus de 15 jours pour obtenir les chiffres. Le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, a indiqué, mardi dernier, devant les députés, que le bilan encore provisoire des dégâts du secteur public économique suite au séisme du 21 mai fait ressortir un montant de 6 milliards de dinars et des pertes d'activités, liées aux arrêts d'usine, estimées à 5 milliards de dinars. Dans sa réponse aux questions des députés, le chef du gouvernement a affirmé que 59 entreprises publiques économiques couvrant 107 unités ont été touchées par le séisme, précisant que la SNVI, à elle seule, accuse 4 milliards de dinars de dégâts et quelque 3,8 milliards de dinars en pertes d'activités. Les pouvoirs publics ont décidé de rendre obligatoire l'assurance contre les tremblements de terre. Le président de la république a chargé le gouvernement de procéder à une révision de la législation relative aux assurances pour rendre obligatoire la contractualisation de polices d'assurances contre les catastrophes naturelles, notamment contre les séismes. Des assureurs, eux-mêmes, jugent “anormal” qu'un tel vide juridique existe pour ce type d'assurance, alors qu'il est admis scientifiquement que l'Algérie se trouve dans une région fortement sismique. L'assurance contre les catastrophes naturelles, en général, et les séismes, en particulier, est facultative dans le système national des assurances. Ce qui se traduit par une protection insuffisante des personnes et du patrimoine économique et social face à ce type de catastrophe. Les chiffres le montrent : les assurances obligatoires, qui demeurent limitées aux automobiles et aux risques industriels, représentent environ 85% du chiffre d'affaires des compagnies d'assurances qui tourne actuellement autour de 25 milliards de da. Le reste, soit 15%, correspond aux assurances facultatives et la part des risques contre les séismes est insignifiante. Pour indemniser l'assuré, les compagnies d'assurances exigent de ce dernier qu'il ait déjà souscrit à une assurance spécifique contre les tremblements de terre annexée à son contrat d'assurance. Avec l'esprit fataliste, une perception sociale insuffisante de l'assurance et le déficit accumulé par les assureurs en matière de vulgarisation des produits d'assurance, le nombre de souscription à ce type de produits reste infime. Les particuliers, à quelques exceptions, ne sont pas couverts. Ainsi, les dispositifs actuels de couverture contre les catastrophes naturelles relèvent de la seule solidarité nationale et sont actuellement gérés par l'Etat à travers des règles administratives. Les assureurs, ne maîtrisant pas le risque, sont extrêmement frileux à offrir une garantie catastrophe naturelle. Une réflexion a été menée par le Conseil national des assurances. Ce dernier va devoir reprendre le projet pour l'enrichir à la lumière des dernières décisions arrêtées par le gouvernement de rendre obligatoire la contractualisation de polices d'assurances contre les catastrophes naturelles, notamment contre les séismes, même aux particuliers. Les assureurs estiment qu'il y a là matière à débat. L'obligation de contacter une police d'assurances contre le tremblement de terre est-elle une bonne chose ? Qui oblige qui ? Quel est le prix psychologique ? Quelles sont les variantes possibles ? Autant de problématiques posées au débat. En tout état de cause, le débat au niveau du CNA a été enclenché. Et la réflexion avance, nous dit-on. M. R.