Une réforme du rôle de l'institution que dirige le Français Dominique Strauss-Kahn est une idée défendue par certains membres du G20 (un forum regroupant pays industrialisés et grands pays émergents). En cette période de crise, les Européens souhaitent renforcer la mission du FMI dans la surveillance des politiques économiques, des taux de changes et des déséquilibres courants et dans la prévention des crises financières. La présidence française de l'Union européenne souhaite donner au fonds la capacité de pointer les lacunes du cadre juridique de certains pays et de leur adresser des recommandations. Le FMI se veut un vrai candidat à une place centrale dans la régulation financière mondiale dont les faiblesses ont été mises brutalement en lumière par la crise. Selon un chercheur américain, le FMI a une fonction sous-estimée, qu'il a remplie pendant de nombreuses années : fixer les normes d'information et de transparence, pour les Etats et les institutions. Il peut, selon lui, les aider à dépasser les crises, en augmentant le volume d'informations disponible. Cela ferait plus pour améliorer la stabilité des marchés de capitaux que toute fonction de prêteur ou de régulateur qu'ils pourraient proposer. Une réforme du rôle de l'institution que dirige le Français, Dominique Strauss-Kahn, est une idée défendue par certains membres du G20 (un forum regroupant pays industrialisés et grands pays émergents), mais qui suscite les réserves d'autres pays, notamment les Etats-Unis. Le FMI, qui regroupe 185 pays, est souvent cité comme l'organisme le mieux placé pour coordonner les mesures visant à prévenir les excès du secteur privé, qui ont cruellement fait défaut dans la genèse de la crise actuelle. Le directeur général a encore plaidé auprès des ministres des Finances du G20 pour que le FMI supervise les réglementations nationales. “Le rôle que le FMI pourrait jouer en matière de supervision des activités des pays industrialisés reste à voir. Mais le rôle de coordination n'exige pas que le FMI soit critique envers un pays. Cela demande seulement d'essayer d'aider les pays à se coordonner pour des politiques de régulation cohérentes”, explique l'ancien économiste en chef du FMI, l'Américain Simon Johnson. Le G20 va toutefois tenter, malgré de sérieuses difficultés, de dégager des pistes communes samedi à Washington afin de stopper la propagation de la crise financière qui menace le monde d'une grave récession. Le sommet du G20 à Washington va être l'occasion pour certains pays de tenter de redéfinir le mode de fonctionnement du système financier international et en accroître la réglementation. Parmi les pistes de solutions proposées par les participants au G20, l'on note comment mieux associer les pays émergents aux affaires du monde. Le G7 doit-il devenir un G20 ? Comment leur donner plus de poids au sein du FMI ? L'Europe est prête à envisager que les postes de directeur général du FMI et de la Banque mondiale, traditionnellement réservés le premier aux Européens et le second aux Américains, soient attribués sans condition de nationalité. Le Forum de stabilité financière, qui réunit les régulateurs et autorités de tutelle de certains pays, pourrait être ouvert à des pays émergents. Le sommet revêt, par ailleurs, un cachet particulier : les regards seront braqués vers un participant et non des moindres en l'occurrence la Chine. Ce pays risque de se retrouver sous pression à Washington avec ses réserves de change, objet de tous les fantasmes et convoitises, évaluées à près de 2 000 milliards de dollars, soit près de huit fois plus que les ressources actuelles du FMI qui détient un montant de 250 milliards de dollars. La présence du président Hu Jintao au sommet des grands pays industrialisés et émergents montre l'importance accordée à la concertation internationale par une Chine de plus en plus inquiète de la crise et qui vient d'adopter un plan de relance colossal de 455 milliards d'euros. “Je crois qu'ils oublient tout simplement que la Chine est encore un pays en développement, avec une population de 1,3 milliard d'habitants”, dira un responsable chinois. “Cela m'étonnerait que la Chine ait envie d'engager ses 2 000 milliards de réserves dans cette histoire”, relèvera-t-il. Pour lui, la Chine “donnera un peu, mais pas trop”. Et ce grand pays émergent a déjà averti qu'en contrepartie d'efforts, il réclamerait une meilleure représentation au sein du FMI, largement dominé par Washington et ses partenaires du G7. Badreddine KHRIS