Il semblerait même que les portefeuilles ministériels garderont leurs titulaires actuels pour les quelques mois à venir. La nouvelle Constitution devra entrer en vigueur, dans les tout prochains jours, par sa publication dans le Journal officiel. Il est utile de se demander alors quel sort est réservé au gouvernement, à quelques mois d'une échéance électorale importante. L'on sait déjà que le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia remettra sa démission, dès la promulgation de la loi fondamentale révisée, du fait que son poste n'existe plus sous une telle dénomination. Désormais, il faudra s'habituer à appeler le chef de l'Exécutif, Premier ministre lequel assurera la tâche de coordonner l'action du gouvernement. Théoriquement, tous les membres du gouvernement sont tenus de démissionner, puisqu'en vertu de la Constitution de 1996, le Chef du gouvernement a choisi son équipe avec l'approbation du chef de l'Etat qui a officialisé sa désignation en qualité d'Exécutif. L'amendement apporté à l'article 79 confère carrément au président de la République le pouvoir de nommer les ministres, après une formelle consultation du Premier ministre. Comme attendu, Ahmed Ouyahia a refusé de se prononcer sur sa probable reconduction à la tête du gouvernement avec le nouveau statut. “Par esprit légaliste et par respect au pouvoir du président de la République, je ne me lancerai pas dans des conjectures sur ma nomination en tant que Premier ministre”, a-t-il expliqué lors de la conférence de presse qu'il a animée mercredi dernier au Palais des nations. D'aucuns estiment, toutefois, que la reprise en main du gouvernement par le même homme est l'option la plus évidente pour superviser les affaires courantes de l'Etat et surtout pour préparer l'élection présidentielle qui devra se tenir dans les 30 jours qui précèdent la date du dernier scrutin de même nature, c'est-à-dire le 8 avril 2004, et ce, conformément à une disposition constitutionnelle qui n'a pas subi de modification. Il semblerait même que les portefeuilles ministériels garderont leurs titulaires actuels pour les quelques mois à venir. Les seuls changements interviendront — sauf erreur d'analyse évidemment — de la nomination d'un ou de plusieurs vice-Premiers ministres, eu égard au fait que ces postes constituent la grande innovation de la Constitution de 2008. À ce niveau, il est difficile de s'aventurer dans des spéculations sur les noms des personnalités qui pourront potentiellement assumer une telle fonction. La logique voudrait que le Premier ministre et ses lieutenants soient nommés de l'intérieur du cercle fermé de l'Alliance présidentielle. Ce qui nous amènera à Ahmed Ouyahia comme Premier ministre, et Abdelaziz Belkhadem et Abou Djerra Soltani comme vice-Premiers ministres. Il n'en demeure pas moins que la désignation des hommes qui président aux destinées de l'Algérie a rarement été inspirée de la logique. Pour rajouter de l'eau au moulin des partisans de cette dissection, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et ministre d'Etat sans rôle prédéfini, a assuré, mercredi au Palais des nations, qu'on ne lui a pas fait la proposition de devenir vice-Premier ministre. “Même si c'était le cas, je ne suis pas intéressé par le poste. Ma plus grande fierté étant que le président de la République a répondu à notre appel de réviser la Constitution”. S. H.